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29/07/14

La crise de Gaza s’aggrave, les boycotts peuvent augmenter le prix à payer pour l’impunité d’Israël

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Gaza a été sous le siège d’Israël depuis sept ans. Les pêcheurs sont abattus lorsqu’ils sortent en mer. Le commerce est bloqué. Voyager est presque impossible. L’eau est contaminée. Les hôpitaux manquent d’approvisionnement. L’économie est soumise à un effondrement contrôlé, juste à la limite de la catastrophe. Israël rationne tout ce qui entre à Gaza, des calories à la littérature mondiale.

Après 21 jours de bombardement, Israël refuse encore un cessez-le-feu complet qui satisfasse la demande unifiée, minimale, de tous les Palestiniens : laisser les gens vivre des vies normales. Ceci n’est pas une guerre, encore moins une guerre d’auto-défense, c’est une expédition punitive qui vise au maintien du siège et de l’occupation militaire illégale. Les civils, les hôpitaux et les quartiers résidentiels portent le poids de l’attaque parce que le seul but « militaire » de l’assaut est de recroqueviller les Palestiniens dans une soumission totale.

En juillet 2004, une cour internationale de justice a statué que le mur d’Israël et le régime associé dans les colonies de Cisjordanie occupée, la confiscation des terres, les routes séparées et les restrictions de mouvement étaient illégaux du point de vue du droit international et que les gouvernements avaient un devoir légal d’agir. Pourtant, dix ans plus tard, la communauté internationale détourne encore le regard, refusant de lever le petit doigt pour faire rendre des comptes à Israël. Les ministres des Affaires étrangères de la Communauté européenne, même après avoir entendu les nouvelles du massacre de Shuja’iya, n’ont demandé le désarmement que de Gaza. Pourtant, c’est l’arsenal de haute technologie d’Israël, subventionnée par l’aide des États-Unis, les bourses de recherche de l’Union européenne et le florissant commerce des armes multimillionnaire qui font pleuvoir l’horreur sur des civils.

À quelques déclarations de pure forme près, les gouvernements occidentaux soutiennent le siège de Gaza, la construction des colonies et par conséquent les massacres périodiques de la part d’Israël. L’impunité accordée à Israël est en complète contradiction avec la volonté démocratique des gens, comme en témoigne l’actuel déferlement international de solidarité avec Gaza.

Si les gouvernements refusent d’agir, alors le problème du vaste soutien international dont jouit Israël doit être attaqué par les bases de la société civile internationale, en utilisant les méthodes qui ont isolé l’Afrique du Sud pendant l’apartheid.

Depuis son lancement par la société civile palestinienne en 2005, le mouvement de Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) a gagné l’appui de syndicats, de partis politiques et de mouvements populaires, ainsi que d’un grand nombre de personnes exprimant dans le monde entier leur engagement éthique en boycottant tous les produits israéliens, et pas seulement ceux issus des territoires occupés. Par conséquent, la pression de BDS commence maintenant à avoir un impact significatif.

Des artistes comme Roger Waters des Pink Floyd, Massive Attack et Faithless ont refusé de jouer en Israël en réponse aux appels pour un boycott culturel. Des intellectuels renommés comme Stephen Hawking, Alice Walker et Judith Butler ont pris la même position. Une étape importante a été franchie récemment     lorsqu’un groupe de lauréats du prix Nobel et d’autres personnalités ont publié une lettre dans The Guardian appelant les gouvernements à « implémenter immédiatement un embargo militaire complet et juridiquement contraignant sur Israël ».

Maintenant l’entreprise britannique de sécurité G4S semble s’orienter vers une réduction de son engagement dans le système pénitentiaire israélien, qui retient sans procès des enfants palestiniens, à la suite d’une campagne internationale pendant laquelle des églises américaines et la Fondation Bill Gates se sont désinvesties de l’entreprise. John Lewis est devenu récemment le dernier détaillant européen à arrêter ses échanges commerciaux avec la firme israélienne SodaStream dont le prix de l’action a baissé de moitié en un an. Des dirigeants du mouvement des colons israéliens se sont lamentés sur le fait que le boycott des consommateurs signifie qu’ils ne peuvent plus exporter vers l’Europe. Des ministres israéliens décrivent BDS comme une « menace stratégique » au statu quo, et les États-Unis même avertissent maintenant qu’Israël fait face à un isolement international.

L’attaque sur Gaza n’est pas une guerre entre deux côtés égaux. C’est une attaque par un puissant état militaire, armé et soutenu par l’Occident, contre une population appauvrie, assiégée et déplacée. Les discours des gouvernements ne coûtent pas cher. Tant qu’il ne s’agit que de discours, la vie de nos enfants vaut encore moins cher. Nous devons renforcer notre action de boycott, désinvestissement et sanctions, et faire campagne internationalement pour en terminer avec l’impunité d’Israël.

*  Rafeef Ziadah est une militante palestinienne des droits de l’homme dans le comité national palestinien de BDS     (Boycott Divestment and Sanctions) et cadre responsable     des campagnes à l’organisation caritative britannique     War on Want [Guerre à la misère].

http://www.theguardian.com/commentisfree/2014/jul/28/gaza-crisis-boycotts-israel-impunity-apartheid

Photo : Une femme marche sur les décombres à Gaza. « L’attaque sur Gaza n’est pas une guerre entre deux côtés égaux. C’est une attaque par un puissant état militaire, armé et soutenu par l’Occident, contre une population appauvrie, assiégée et déplacée ». Photographie: Anadolu Agency/Getty Images