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13/11/11

BDS : Pourquoi les Nations Unies n’imposent-elles pas de sanctions à Israël ?

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Le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) est en croissance constante.

Sur le front du boycott, Natacha Atlas, qui a remporté en 2007 le BBC Music award pour son mélange de styles arabe et occidental, a annulé un concert prévu en Israël : « J’avais pensé que me produire en Israël aurait été l’occasion unique d’encourager et de soutenir l’opposition de mes fans aux actions et aux politiques du gouvernement actuel, mais après de  longues délibérations , je vois maintenant qu’il serait plus efficace d’annoncer que je n’irai pas en Israël jusqu’à ce que l’apartheid systémique est aboli une fois pour toutes. « 
Atlas, qui a grandi en Belgique, a des origines égyptienne, marocaine et palestinienne et des racines juives. Elle a été nommée ambassadrice de bonne volonté pour la Conférence des Nations Unies contre le racisme en 2001, conférence qui a été boycottée par les USA et Israël, car elle soulevait des problèmes au sujet du traitement des Afro-Américains aux USA et du traitement des Palestiniens par Israël.

Le boycott culturel d’Israël a aussi pour but d’empêcher des personnalités culturelles israéliennes de présenter une fausse image d’Israël à l’étranger. Idan Raichel, « le muscien en dreadlocks le plus populaire d’Israël », selon le ministère israélien des Affaires étrangères, joue un rôle important dans les tournées de Masa (voyage) d’Israël pour inciter de jeunes juifs d’Amérique et l’Europe à aller en Israël ; il est plus que simplement un musicien, vu que les icônes culturelles israéliennes sont les « ambassadeurs d’Israël dans le monde, des ambassadeurs culturels, des ambassadeurs hasbara, également en ce qui concerne le conflit politique ».

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Dans un message hasbara, Raichel invitait les juifs étasuniens à protester contre une récente Masa « voyage » à travers les USA, utilisant Internet pour coordonner la distribution de dépliants sur les lieux des concerts de la tournée . Son récent album « Open Door » a inspiré des panneaux lors des manifs disant « Est-ce que « porte ouverte »inclut les Palestiniens ? » Et « N’entretiens pas l’apartheid. » « Idan Raichel ne peut pas soutenir l’apartheid », a contré un spectateur », il couche avec une femme noire ! « Raichel fait partie de la campagne Brand Israel, qui vise à rapprocher les arts dans le monde afin de montrer, selon les mots d’un fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères israélien, « le plus beau visage d’ Israël, et qu’on ne nous voie pas uniquement dans le contexte de la guerre « .

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 Erkki Tuomioja,ministre des Affaires étrangères,

Une campagne finlandaise est en cours pour annuler un nouveau contrat pour l’achat de drones israéliens. Comme le Canada, les USA, la Turquie et la Russie, la Finlande a été attirée par le savoir-faire israélien en armes mortelles. Le ministère finlandais de la Défense a récemment signé un accord sur les achats de drones, au mépris des règlements de l’UE. Cela a incité le ministre des Affaires étrangères, Erkki Tuomioja, à rompre avec ses collègues et à déclarer, se référant à Israël, qu ’« aucun État d’apartheid n’est justifié ni durable. » Auparavant, alors qu’il était dans l’opposition, M. Tuomioja lui-même avait signé une pétition appelant à la fin du commerce des armes avec Israël. En tant que ministre des Affaires étrangères, M. Tuomioja pourrait exiger la suspension de l’ accord d’association entre l’Union européenne et Israël, en vertu duquel Israël a un accès commercial privilégié aux marchés de l’UE, mais à la condition qu’il respecte les droits humains.

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La « politique étrangère commune » de l’UE a été une amère déception, surtout par rapport à Israël, car la règle du consensus empêche les nations de conscience au sein de l’UE d’agir, et les tentatives d’appliquer les règlements de l’UE sont facilement enterrées dans la bureaucratie.

Par exemple, le septième programme-cadre (FP7 ) fournit des fonds de recherche pour les universités et les entreprises israéliennes conformément à l’accord d’association. Malgré les violations systématiques par Israël des clauses sur les droits humains de l’Accord, les sociétés israéliennes telles que Ahava, des institutions « académiques » telles que le Technion, et pire, Elbit Systems et les industries aérospatiales israéliennes reçoivent des fonds européens par le biais du FP7 dans les mêmes proportions que les États membres de l’UE.

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La commissaire scientifique de l’UE, Máire Geoghegan-Quinn, a insisté qu’il n’y avait aucune raison d’exclure la société israélienne Motorola des activités liées à l’UE car elle n’a eu « aucune information sur les systèmes radar Motorola qu’ Israël pourrait avoir installés ou non en Cisjordanie ». Geoghegan-Quinn ne lit pas son courrier car elle aurait trouvé des rapports adressés à la Commission européenne par la Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël et des rapports de « Stop the Wall » documentant le travail de Motorola dans les colonies israéliennes en Cisjordanie.

Un ambitieux effort Boycott- Désinvestissement déployé par le récent KARAMA (Keep Alstom Rail And Metro Away – Eloignez Alstom Rail et métro) et l’action en cours « déraillez Veolia et Alstom », ont célébré une victoire importante. Alstom a perdu le marché pour la deuxième phase du projet saoudien de chemin de fer Haramain reliant La Mecque à Médine, d’une valeur de 10 milliards de dollars, en raison de son implication dans le projet de tramway (Light Rail (JLR)) de Jérusalem. Alstom a également souffert quand la Banque néerlandaise ASN et le fonds de pensions suédois AP7 l’ont exclu de leurs portefeuilles d’investissement. Veolia a perdu plus de 12 milliards de dollars en contrats à la suite du militantisme boycott en Suède, au Royaume-Uni, en Irlande et ailleurs.

Une conférence nationale des Étudiants pour la Justice en Palestine (SJP) a eu lieu du 14 au 16 octobre à l’Université Columbia de New York, réunissant 400 militants étudiants étasuniens d’une centaine de campus. Des militants SJP se sont rendus célèbres par leurs simulations de check-points, de murs, et des « Die-in » sur le campus, pour faire comprendre la réalité de la persécution israélienne des Palestiniens.

Les délégués ont porté leur réflexion sur les campagnes de désinvestissement et sur la manière de contrer le pouvoir de l’AIPAC. CODEPINK de Medea Benjamin, qui est devenu mondialement célèbre en interrompant le discours du Premier ministre israélien Netanyahu devant le Congrès au mois de mai, a expliqué la façon de déposer une plainte auprès du Bureau d’éthique du Congrès contre les voyages de membres du Congrès en Israël organisés par l’American Israel Education Foundation , qui violent les règles d’éthique du Congrès.

La diplômée de Columbia University, Dina Omar, a dit que la conférence a contribué à créer un « réseau et des dispositifs  solides pour aider à protéger les élèves d’être systématiquement ciblés par le pouvoir institutionnel. » Une semaine avant la conférence, la Ligue anti-diffamation (ADL) a commenté la « montée en puissance » de SJP . Ironiquement, c’est en 2010 quand l’ ADL a caractérisé SJP d’un des 10 principaux groupes « anti-israéliens » aux USA que les 67 chapitres ont décidé de s’unir. Max Ajl dit : « Le timing a été la clé – partout il y avait le buzz disant que nous faisions partie d’une plus large mobilisation, le mouvement Occupy Wall Street. Connecter ces luttes est à présent possible et nous y sommes encouragés. « 

Fait intéressant, il y a une division dans les rangs anti-BDS sur la façon dont on peut sévir contre les partisans du BDS en prétendant qu’ils mettent les étudiants juifs « mal à l’aise ». Alors que l’ADL a salué la décision de 2010 du Département US de l’Éducation d’étendre la loi sur les droits civils de 1964 (Civil Rights Act) pour y inclure « les sentiments anti-israéliens et anti-sionistes qui virent à l’antisémitisme », le Conseil juif des affaires publiques (JCPA) met en garde les groupes juifs contre la suppression de la liberté d’expression par l’utilisation des lois sur les droits civils. « Les poursuites et les menaces de poursuites judiciaires » ne doivent être utilisés « que dans les cas où on a la preuve d’un climat systématique de peur et d’intimidation associé à la passivité de l’administration de l’université hésitant à prendre des mesures rectificatives raisonnables. »

Ali Abunimah, co-fondateur d’Electronic Intifada et auteur de One Country : une proposition audacieuse pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, affirme que la stratégie de l’ADL est « intrinsèquement antisémite parce qu’elle suppose à tort et de façon a-historique que toute critique d’Israël équivaut à une critique des juifs », et donc condamne tous les juifs pour le racisme pratiqué par Israël. « Il semble que certains membres au moins de la communauté pro-Israël craignent que cette campagne agressive de censure et d’intimidation n’aboutisse à représenter les défenseurs d’Israël comme des voyous, plutôt qu’à améliorer l’image d’Israël sur les campus. »

Lors d’une interview avec Time, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a demandé pourquoi les sanctions sont promues par les USA lorsqu’il s’agit de l’Iran et du Soudan, mais deviennent taboues quand il s’agit d’Israël. Les sanctions imposées par les Nations Unies à Israël auraient réglé la question de la paix au Proche-Orient depuis longtemps, dit-il. « Jusqu’à aujourd’hui, le Conseil de sécurité a adopté plus de 89 résolutions sur les sanctions potentielles à infliger à Israël, mais celles-ci n’ont jamais été mises en application. » La raison pour laquelle la communauté internationale a appuyé l’absence de sanctions contre Israël tient à ce que le Quartet – qui comprend la Russie, les USA , l’Union européenne et l’ONU – ne s’intéresse pas vraiment à la solution du conflit au Proche-Orient sans quoi « il aurait imposé certaines mesures à Israël. »

Eric Walberg écrit actuellement pour l’hebdomadaire Al-Ahram au Caire.

http://ericwalberg.com

Traduction : Anne-Marie Goossens

samedi 12 novembre 2011 – 06h:22
Source:
http://www.info-palestine.net/article.php3?id_article=11413