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08/03/15

Censure à Paris 8 : lettre de Jim Cohen à la direction de l’université

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A Mme la Présidente de Paris 8,

Je comptais assister demain lundi 9 mars, à Paris 8, à 18 h 30, à une conférence-débat avec Max Blumenthal, journaliste de renom aux  Etats-Unis et Bilal Afandi, militant palestinien. C’était ma seule occasion de l’écouter pendant sa tournée en France. Je viens d’apprendre que cette réunion a été annulée par ordre de la présidence et si cette information se confirme, je voudrais exprimer mon incompréhension et ma colère devant cette décision qui serait un acte de censure inacceptable.

J’ai exercé à Paris 8 pendant plusieurs années (MCF science politique 1996-2011, charge de cours 1986-1995) et vers la fin de cette période j’ai été sollicité pour aider des étudiants à sauver des événements menacées par des ordres de même type. Le premier « Festival printemps palestinien » (2009 ?), a failli être annulé par ordre de votre prédécesseur Pascal Binczak, mais une mobilisation d’étudiants et d’enseignants a réussi à sauver l’initiative (d’où la plaque à l’honneur du poète Mahmoud Darwich qu’on trouve encore dans la cour de la fac).

Sur le fond, j’imagine que c’est le thème du Boycott, Désinvestissement, Sanctions contre l’Etat d’Israël qui « dérange ».

Et pourtant cela fait plusieurs années que le thème est discuté en France et dans beaucoup d’autres pays, dont les Etats-Unis (et pour cause, je dirais, mais évidemment la discussion est ouverte sur le sujet). J’aurais imaginé que dans une université historiquement ancrée à gauche, on aurait le courage d’aborder de tels sujets controversés sans réflexe de censure.

Cet ordre d’annulation, si elle se confirme, me paraît peu digne de l’héritage de Paris 8 tel que je le comprends.

Je dispose encore de peu d’informations ce dimanche, à la veille de l’initiative. Je ne suis pas en contact direct avec les organisateurs. Je compte me rendre quoi qu’il arrive à Paris 8 à l’heure indiquée en espérant que l’ordre d’annulation sera levée d’ici là.

Je vous prie d’agréer, Madame la présidente, l’expression de mes sentiments respectueux.

James Cohen

Professeur des universités

Institut du monde anglophone

Université de Paris 3 Sorbonne Nouvelle