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28/04/18

David Lappartient et l’Union Cycliste Internationale (UCI) contribuent au « blanchiment » des crimes du gouvernement israélien

Qu’importe les Palestiniens assassinés, le droit international violé, l’éthique bafouée… pour le président français de l’UCI, David Lappartient, the Giro show must go on !

Dans le cadre de ses efforts de propagande, en déboursant une dizaine de millions d’euros, Israël a obtenu en septembre dernier l’organisation des 3 premières étapes du Giro D’italia 2018 (Tour cycliste d’Italie, du 4 au 27 mai 2018). Dès l’annonce de cette attribution, une campagne internationale, #RelocateTheRace (#DéplacezLaCourse), a été initiée par la société civile palestinienne à travers la PACBI1, appelant la société italienne organisatrice de l’événement RCS Sports2 ainsi que l’Union Cycliste Internationale (l’UCI, l’instance dirigeante du cyclisme mondial) à déplacer cette course hors d’Israël, compte tenu des nombreuses violations israéliennes à l’égard du peuple palestinien.

PACBI estime notamment que cette course sert à « blanchir » par le sport les crimes passés et présents de l’état israélien, son occupation militaire et son système d’apartheid. Plus de cent-vingt organisations de défense des droits humains, syndicats, associations de tourisme éthique, groupes sportifs et confessionnels de plus de 20 pays ont également lancé un appel international pour exhorter le Giro d’Italia à relocaliser ces étapes hors d’Israël en raison des graves et croissantes violations du droit international et des droits humains des Palestinien·ne·s.

Alors que RCS Sports et la Direction du Giro ont ouvertement choisi le camp de la complicité avec le régime d’apartheid israélien lors de la présentation officielle en Novembre dernier, l’UCI, elle, est restée plutôt silencieuse. Son président, David Lappartient, ne s’était pas exprimé lors de la « polémique » autour de la mention Jérusalem-Ouest, par exemple. Il semblait en effet moins inquiet de voir la compétition entachée par de graves accusations de complicité dans les crimes israéliens que par la participation du coureur soupçonné de dopage Chris Froome.

Alors que la compétition doit débuter dans une quinzaine de jours, le site web insidethegames.net l’interroge lors d’un déplacement en Thaïlande.  Dans cet article, Lappartient affirme que « l’UCI n’est pas impliquée », et n’aurait donc aucune responsabilité, dans l’attribution de ces étapes à Israël. Il légitime également cette décision en précisant que celle-ci avait été prise bien avant la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël, mais aussi antérieurement aux événements, qu’il qualifie de « combat », actuellement en cours à Gaza. Donc tout va bien. Il admet tout de même qu’il existe un problème autour de l’appellation « Jérusalem/Jérusalem Ouest ». Néanmoins il reste optimiste et espère que le cyclisme sera un moyen de « promouvoir la paix à travers le sport, comme les Jeux Olympiques en Corée. » « Je pense que c’est la façon dont nous voulons voir l’événement. Avoir tous les pays tous ensemble au service du sport en Israël, c’est très bien. » déclare-t-il.

La campagne BDS France tient à rectifier certains faits énoncés et à réagir à ces propos.

  1. Lorsque l’armée israélienne tire à balles réelles sur des manifestants palestiniens qui manifestent pacifiquement pour leurs droits fondamentaux, il ne s’agit pas de « combat » mais d’assassinats ciblés. 43 Palestiniens ont été tués, 5 300 blessés (dont près de 2000 grièvement) au cours d’une répression violente des rassemblements de la Grande Marche du Retour commencée le 30 mars. Ces manifestations doivent se poursuivre jusqu’au 15 mai prochain, Jour de commémoration de la Nakba, le nettoyage ethnique de la Palestine en 1948, ayant abouti à l’établissement de l’État israélien. Pendant ce temps, le gouvernement israélien fête les 70 ans de cette création et c’est justement dans le cadre de ces célébrations qu’il a tenu à organiser ces étapes du Giro d’Italie.

  1. Par ailleurs, confondre la situation de tension entre états souverains comme les deux Corée, ayant chacun une armée, avec l’occupation et la colonisation de la Palestine où l’une des plus puissantes armées de la planète opprime une population civile désarmée, relève soit de l’ignorance soit de la malhonnêteté.

En tentant lamentablement de dédouaner l’UCI de toute responsabilité, de normaliser ce départ du Giro en Israël, et d’y voir un vecteur de paix illusoire dans un contexte particulièrement meurtrier à Gaza, David Lappartient fait preuve de cynisme et d’indécence. Il choisit ouvertement d’être du côté de l’État israélien, de « blanchir » ses crimes et de cautionner son apartheid.

Comme à l’époque de l’Afrique du Sud de l’apartheid, ce sont des sanctions contre l’État israélien qui pourront mettre fin à ses violations et contribuer à une paix juste et durable dans la région. Dans le cadre sportif, cela doit passer par l’arrêt de toutes les compétitions sportives internationales en Israël qui permettent à cet État de bénéficier d’une image de marque et d’une reconnaissance internationales.

1 Campagne Palestinienne pour le Boycott Universitaire et Culturel d’Israël

2 RCS Sport, filiale de RCS MediaGroup. est une société de sport et de médias organisant des compétitions sportives en Italie, en particulier des courses cyclistes. C’est une filiale de la RCS MediaGroup.