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07/11/11

L’apartheid israélien vu par les victimes sud-africaines

Alors que l’Apartheid en Afrique du Sud fut formalisé en 1948 et qu’une opposition internationale naît en 1959, ce n’est que dans les années 1980 qu’un mouvement massif de boycott de l’Afrique du Sud par la société civile commence à porter ses fruits. Les actions se concentrent d’abord sur le boycott des produits, des sportifs et des artistes sud-africains. Rejoint par certains gouvernements qui appliquent des sanctions à l’encontre de l’Afrique du Sud, il faut encore attendre une bonne dizaine d’années pour que tombe le régime d’Apartheid, en 1994.

Aujourd’hui, les victimes de l’Apartheid sud-africain témoignent que l’Apartheid n’a pas disparu de la planète, écoutons ce qu’ils ont à nous dire :

Nelson Mandela déclare ainsi en 2001, dans une lettre à Thomas Friedman : « Israël a privé des millions de Palestiniens de leur liberté et de leur propriété. Il perpétue un système de discrimination raciale et d’inégalité… »

Des leaders juifs sud-africains, dont le ministre Ronnie Kasrils et le juriste Max Ozinsky, publient un appel dans le Washington Post en 2001, où ils constatent : « Il devient difficile de ne pas établir de parallèles entre l’oppression vécue par les Palestiniens sous le joug d’Israël et celle vécue en Afrique du Sud au temps de l’Apartheid ».

Esther Levitan, militante juive de l ’A.N.C. confirme, dans une interview pour Haaretz en 2002 : « Les Israéliens ont cette détestable haine des Arabes qui me rend malade. (…) Ils vont créer ici un Apartheid en pire ».

Desmond Tutu et André Brink visitent indépendamment Israël-Palestine en 2002, mais ils en rapportent des récits similaires. Le premier déclare dans un article du Guardian : « Cela m’a tant rappelé ce que qui nous est arrivé à nous les Noirs d’Afrique du Sud. J’ai vu l’humiliation des Palestiniens aux check-points et aux barrages routiers, je les ai vus souffrir comme nous quand de jeunes officiers de police blancs nous empêchaient de nous déplacer ». Plus tard il publie un article dans The Nation où il confirme : « Les habitants des townships sud-africains d’hier peuvent vous parler de la vie dans les territoires occupés palestiniens d’aujourd’hui. (…) Les humiliations, la dépendance et la colère y sont en tous points similaires. (…) Si l’Apartheid prit fin, alors l’occupation israélienne aussi peut cesser, mais la détermination morale et la pression internationale devront être à la hauteur de l’enjeu. L’effort actuel de désinvestissement est le premier pas nécessaire, bien que certainement pas le seul, dans cette direction. »

André Brink lui fait écho en écrivant dans un livre publié en 2010 : « Je crus redécouvrir le cœur hideux de l’Apartheid : la manière dont les Palestiniens, y compris certains des êtres les plus merveilleux que j’ai jamais rencontrés, sont soumis à l’une des oppressions les plus cruelles ici-bas… »

L’homme politique Ronnie Kasrils va encore plus loin, en déclarant à Yasser Arafat en 2004 que la Cisjordanie est pire qu’un bantoustan : « Aucun bantoustan n’a jamais été bombardé par des avions, pulvérisé par des chars… ». Il écrit aussi, dans The Guardian en 2005, que : « Depuis des décennies, la minorité palestinienne en Israël (…) est exclue de fait par la définition de « l’Etat Juif », et n’a pratiquement aucune influence sur les lois, les politiques socio-économiques et la politique dans son ensemble. De là provient la ressemblance avec les Noirs sud-africains. » De la même façon, Kgalema Motlanthe, président de l’ANC, déclare à des députés palestiniens en 2008 que les conditions de vie des Palestiniens sous occupation israélienne sont « pires que celles des Noirs sous le régime d’Apartheid. »

Plusieurs juges sud-africains sont envoyés en Israël-Palestine par l’ONU, pour évaluer la situation sur place. L’un d’entre eux, John Dugard, déclare en 2007 que la situation qu’il observe en Cisjordanie est « un régime d’Apartheid, pire que celui qui existait en Afrique du Sud ». Quant à Richard Goldstone, il accuse en 2009 l’armée israélienne d’avoir commis des « actes assimilables à des crimes de guerre et peut-être, dans certaines circonstances, à des crimes contre l’humanité ».

Ces dernières années, le gouvernement sud-africain a officiellement condamné les politiques d’expansion israélienne, les expulsions de Palestiniens et les permis de résidence délivrés selon des critères raciaux, les comparant aux politiques du régime d’Apartheid sud-africain. Lors d’une rencontre avec l’ambassadeur d’Israël, des parlementaires sud-africains ont même affirmé que les exactions de l’armée israélienne faisaient ressembler l’Apartheid à « un pique-nique dominical ».

Finalement, c’est la société civile sud-africaine tout entière qui prend fait et cause pour les Palestiniens auxquels elle s’identifie. Ainsi, la confédération syndicale COSATU déclare en 2008 « L’Apartheid est un crime contre l’humanité. Il l’était quand il était perpétré à l’encontre des Sud-Africains ; il l’est aussi quand il est perpétré à l’encontre des Palestiniens ! »

Ce syndicat, à l’instar de Desmond Tutu ou de Ronnie Kasrils, appelle officiellement au Boycott d’Israël, en espérant qu’une campagne analogue portera des fruits analogues, 15 ans plus tard. En espérant que les entreprises Désinvestissent et que les gouvernements du monde entier appliquent des Sanctions contre Israël pour que, bientôt, cesse également l’Apartheid israélien.