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29/11/11

Le boycott universitaire

Qu’est-ce que le boycott universitaire ? En voici la définition et quelques exemples.

Qu’est-ce que le Boycott Universitaire ?

Dans le cadre de la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions contre l’Etat israélien, les intellectuels et les universitaires (professeurs, chercheurs, employés de l’université, étudiants etc…) ont un rôle à jouer, pour plusieurs raisons :

  • D’abord en tant que citoyens qui, quelque soit leur position, ont leur part de responsabilité et le devoir moral de combattre l’injustice, comme à l’époque du combat contre l’Apartheid en Afrique du Sud dans les années 1980.
  • Ensuite, par solidarité avec les collègues palestiniens dont la liberté académique est mise en péril par l’occupation israélienne.
  • Enfin, par souci d’efficacité, en utilisant leur place pour faire pression sur leurs collègues en Israël, en France et dans le reste du monde. La place et la réputation des universitaires en Israël est telle que les pressions dans ce domaine sont particulièrement efficaces.

D’un point de vue institutionnel, les universités et institutions académiques israéliennes soutiennent, activement ou passivement, l’oppression de l’Etat d’Israël, son armée, son idéologie, ses pratiques discriminatoires etc. Sans appeler à couper toutes relations avec les quelques universitaires israéliens qui sont ouvertement critiques de leur gouvernement, soutiennent leurs collègues palestiniens et oeuvrent pour la paix, les Palestiniens appellent néanmoins unanimement au boycott universitaire d’Israël.

Cet appel a été formulé dès le mois d’août 2002 et il est relayé aujourd’hui par l’organisation palestinienne PACBI. Il a été suivi par de nombreux universitaires dans le monde entier, des individus, des syndicats ou des organisations comme BRICUP et UCU en Grande Bretagne, FNEEQ et ASSE au Québec, ou USACBI aux Etats-Unis. En France, de nombreuses initiatives locales ont vu le jour, mais ce n’est que depuis 2009 qu’une organisation d’universitaires s’est mise en place, l’AURDIP, et que plusieurs syndicats universitaires ont commencé à se pencher sur la question (SUD Education, SUD Recherche, SUD Etudiant, FSU…). La campagne BDS France vise à fédérer et à pérenniser toutes les initiatives en faveur du boycott des institutions universitaires israéliennes, ainsi qu’à aider à leur mise en oeuvre.

Quelles formes peut prendre le Boycott Universitaire ?

Le boycott universitaire est une mesure de rétorsion non violente qui peut prendre l’une des formes suivantes :

-En premier lieu : Ne pas participer à des conférences en Israël, ne pas coopérer avec des institutions universitaires israéliennes, en particulier les agences d’évaluation ou les journaux israéliens.

-Dans un deuxième temps : Promouvoir un tel boycott en rendant publiques les lettres de refus et en incitant d’autres individus, organisations et conseils d’administration universitaires à rompre leurs liens professionnels avec les institutions et à adopter des résolutions publiques condamnant la politique israélienne. Participer dans les universités à un travail d’information sur la situation en Palestine et les réalités de l’occupation et de la colonisation. Participer aussi, en tant qu’universitaires, à des actions plus larges, manifestations, conférences, tribunes publiées dans les journaux…

-Dans un troisième niveau : Inciter les institutions internationales à ne pas financer des institutions israéliennes. En particulier, faire pression sur les gouvernements européens pour qu’ils suspendent les accords de coopération entre l’Union Européenne et Israel.

-Parallèlement à tout cela : Soutenir directement des institutions universitaires palestiniennes, sans exiger en retour qu’elles développent un partenariat avec des organisations israéliennes. Défendre le droit à l’éducation des Palestiniens et soutenir le personnel et les étudiants des universités palestiniennes dans la défense de ce droit. Pour cela, contacter en Palestine l’organisation Right To Education et, en France, le CICUP.

Pourquoi le Boycott Universitaire d’Israël ?

Non, l’université n’est pas un lieu de liberté qu’il faut exclure du champ du boycott. Il est difficile de s’y exprimer contre la politique d’occupation gouvernementale et la liberté y est principalement réservée aux citoyens israéliens, dans un véritable Apartheid Universitaire, comme en témoignent les exemples ci dessous.

Non, les universitaires ne sont pas tous des héros progressistes qu’il faudrait protéger. La plupart des universitaires israéliens ferment les yeux et surtout la bouche face à l’occupation et aux discriminations qui les favorisent. Si certains s’y opposent, d’autres plus nombreux s’expriment ouvertement pour soutenir les actions criminelles de leur gouvernement, voire pour en réclamer davantage. Des pétitions massives d’universitaires ont, par exemple, soutenu les massacres de Gaza en janvier 2009. Non, la science n’est pas neutre. Non seulement les mathématiques ou les sciences de l’ingénieur peuvent avoir des applications militaires, mais même l’architecture, l’histoire, la géographie, l’archéologie ou les sciences politiques sont utilisées en Israël pour justifier la colonisation et l’occupation. Ci dessous quelques exemples encore…

Qu’est-ce que l’Apartheid Universitaire israélien ?

-L’Université d’Ariel, l’Université de Bar Ilan et le Collège Herzog ont ouvert des campus dans les territoires occupés. Dans les deux premières, un drapeau israélien doit être présent dans chaque salle et tout étudiant doit prendre au moins un cours en culture juive, histoire juive et/ou en histoire d’Israel. L’Université de Tel Aviv a construit une partie de son campus sur un village palestinien détruit. L’Université Hébraïque de Jérusalem a également annexé des terres palestiniennes en 2004 pour étendre son campus.

-L’université d’Ariel n’accepte les étudiants étrangers que s’ils sont juifs. Les visiteurs arabes des universités israéliennes doivent fournir un « certificat d’intégrité ».

-De nombreuses mesures dans la société israélienne favorisent les citoyens ayant effectué leur service militaire, discriminant ainsi les Palestiniens qui ne le font pas. C’est le cas en matière d’offre d’emploi, mais aussi dans le domaine universitaire. Souvent ces mesures sont explicites, mais elles sont parfois plus insidieuses. En décrétant un âge minimum de 20 ans pour entrer dans certains programmes universitaires (ce qui correspond à la sortie du service miltaire pour les citoyens Juifs), on force les Palestiniens à patienter deux ou trois ans sans pouvoir s’y inscrire… De façon plus explicite, pour obtenir une place à la cité universitaire de Haifa, une preuve de service militaire doit être fournie. Dans toutes les universités israéliennes, des bourses des bourses d’étude, dispenses de droits d’inscription, gratuité de logement et autres aides financières sont accordées pendant cinq ans aux étudiants qui sortent de l’armée. Ces critères discriminatoires dans l’attribution de bourses est général en Israël, tant dans la plupart des bourses provenant de l’université et d’organismes publics, que de celles qui proviennent de fondations privées, et ces mesures ont été accrues pendant et après les massacres de Gaza en janvier 2009.

-Pour s’inscrire au centre sportif de l’Université Hébraïque de Jérusalem il faut être résident des quartiers adjacents, excluant de fait les Palestiniens.

-Les tests d’entrée à l’université d’Oranim sont exclusivement en Hébreu alors que l’Arabe est une langue officielle en Israel et la langue maternelle de 25% des étudiants. La signalisation dans les universités israéliennes est en Hébreu et en Anglais, pas en Arabe.

-20% des citoyens d’Israël sont des Palestiniens. Pourtant, moins de 10% sont en premier cycle, moins de 5% en deuxième cycle, 3% en troisième cycle et seuls 1% sont enseignants. En revanche, les Palestiniens ont trois fois plus de chance de voir leur candidature rejetée et, parmi ceux qui sont acceptés, les étudiants palestiniens sont trois fois plus souvent traduits devant le conseil disciplinaire des universités israéliennes, en particulier dans les cas où ils s’opposent trop ouvertement à la politique d’occupation israélienne. Aucune ville palestinienne n’a été retenue dans le système d’assistance aux étudiants en difficulté.

-Les enfants arabes israéliens bénéficient de livres scolaires de moins bonne qualité et moins souvent mis à jour que ceux des élèves juifs.

-N’oublions pas, par ailleurs, que de nombreux étudiants et professeurs palestiniens croupissent en prison, ce qui déstabilise d’autant plus l’organisation des universités palestiniennes.

-Les autres obstacles, en particulier le Mur et les checkpoints, rendent les déplacements des étudiants et des professeurs très difficiles. Avant le Mur, l’Université de Bir Zeit accueillait des étudiants de toute la Palestine, de Gaza, de Bethlehem etc… Aujourd’hui elle n’accueille pratiquement plus que des étudiants de Ramallah toute proche.

Quelques exemples de collaboration entre les universités israéliennes et la politique d’occupation :

La plupart des universités israéliennes participent à des programmes scientifiques ayant des applications militaires, mais plus ou moins discrètement :

-Le Technion collabore directement avec la société privée d’armements Elbit, mais aussi à la mise au point de bulldozers télécommandés pour détruire les maisons palestiniennes. L’un des dirigeants de Elbit siège aussi dans le conseil d’adminitration de l’Institut Weizman et dans celui de l’Université Hébraïque de Jérusalem.

-Certaines bases militaires sont implantées sur des campus universitaires et les étudiants-militaires assistent donc aux cours en uniforme. C’est le cas de l’Université Hébraïque de Jérusalem, de celle de Haifa, du Wingate Institute ou du Collège de Zfat. Le Collège de Zfat forme plus spécifiquement les membres des services secrets israéliens. Son transfert à l’Université Hébraïque de Jérusalem a été empêché par une initiative du Boycott Universitaire en Grande Bretagne en 2006.

-L’Université Hébraïque de Jérusalem offre un programme de médecine militaire. L’Université Ben Gourion forme des pilotes militaires, et celle de Haifa forme des capitaines de marine. D’autres universités forment les étudiants au métier de gardien de sécurité, pour des entreprises privées de sécurité, ou pour l’armée.

-Certains membres hauts placés dans la hiérarchie universitaire sont aussi des militaires notoires comme Arnon Sofer de l’Université de Haifa, aussi à la tête du Collège pour la Sécurité Nationale. Il s’est rendu célèbre pour avoir placé le « problème démographique » (l’excès de Palestiniens) au coeur du programme de l’Université. C’est le cas aussi de Pnina Sharvit Baruch, colonel actif pendant les massacres de Gaza, à l’Université de Tel Aviv, ou de Carmi Gilon, ancien directeur des services secrets, et vice président de l’Université Hébraïque de Jérusalem.

Quelques documents :

En français:
 Le dossier du boycott universitaire contre Israël , AIC 2007
 Boycott universitaire d’Israël , AIC 2009
 Pourquoi BDS , CUWU 2009
 Contre l’apartheid , SUD Etudiant 2009
 Enquête sur l’université de Haïfa et son traitement des étudiants Palestiniens , Baladna 2011
 Censure dans les universités françaises , Dror Warschawski 2011

En anglais:
 In Defence of the Boycott of Israeli Academic Institutions , Mona Baker 2003
 The AUT Boycott: Freedom vs. Academic Freedom , Omar Barghouti 2005
 Why boycott israeli universities , Bricup 2007
 The case for academic boycott against Israel , AIC 2007
 Academic boycott of Israel , AIC 2009
 Survey concerning Haifa University and its treatment of the Palestinian Students , Baladna 2011