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21/07/14

Le conseil municipal de Dublin demande des sanctions contre Israël

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La motion appelle pour un « embargo des armes » et l’exclusion d’Israël de l’accord commercial préférentiel Euro-Med. Elle mandate aussi le conseil pour envoyer une délégation au Ministre irlandais des Affaires étrangères « afin d’encourager le gouvernement irlandais à prendre des mesures concrètes et immédiates » en vue d’appliquer ces sanctions. La conseillère dublinoise Tina MacVeigh, de l’Alliance « People Before Profit » (Le Peuple avant le profit, PBPA), a dit au téléphone à The Electronic Intifada qu’elle avait proposé cette motion afin qu’une action concrète ait lieu : « des motions ont été passées auparavant, mais rien n’a vraiment été fait ». Elle a aussi dit qu’elle espérait à terme que l’ambassadeur d’Israël soit expulsé d’Irlande. Sinon, a-t-elle dit, nous allons revenir à la même situation dans deux ans quand aura lieu une nouvelle attaque massive d’Israël sur Gaza. « En ce qui me concerne, c’est maintenant ou jamais », a-t-elle ajouté. Elle a aussi dit que demain, des milliers de personnes marcheraient encore une fois à Dublin en signe de solidarité et a encouragé chacun à s’engager personnellement à agir et à soulever la question avec leurs représentants élus. « Nous devons maintenir la pression », a-t-elle dit. La motion a été immédiatement saluée et médiatisée par l’Ireland Palestine Solidarity Campaign ( Campagne de solidarité de l’Irlande avec la Palestine, IPSC).

Kevin Squires de l’IPSC a dit aujourd’hui à The Electronic Intifada lors d’un entretien téléphonique : « Il est clair que le conseil municipal de Dublin a décidé d’écouter l’appel de groupes de la société civile palestinienne comme le BNC [Comité national pour BDS] et doit être félicité ». « Nous pouvons maintenant dire que Dublin soutient la justice pour le peuple palestinien », a-t-il ajouté, « spécifiquement sous la forme d’un embargo des armes pour Israël et de l’exclusion de ce pays de l’accord Euro-Med pour violation des droits de l’homme ».

La violence de masse d’Israël

Dans un communiqué de presse de l’IPSC, Tina MacVeigh a déclaré: « Les actes de violence de masse d’Israël contre le peuple palestinien font toujours l’objet d’une grande indignation publique et morale, et sont condamnés par de nombreuses institutions démocratiquement élues, pourtant Israël n’a jamais eu à rendre des comptes ». Elle a ajouté: « Cette motion est importante car elle condamne l’usage perpétuel par Israël d’actions illégales comme la détention administrative et les punitions collectives, tout en appelant le gouvernement irlandais à prendre des mesures concrètes.

Dans le communiqué de presse, le président de l’IPSC Martin O’Quigler a salué la résolution, en disant que bien qu’Israël « soit encore une fois en train de commettre des violations flagrantes de la loi internationale, cet État continue à échapper aux sanctions. Des motions telle que celle-ci…doivent être accueillies et célébrées. L’impunité internationale dont jouit Israël l’encourage à poursuivre ses atrocités ».

Les défenseurs d’Israël en Irlande semblent déjà préoccupés par la nouvelle motion. The Electronic Intifada a vu plusieurs messages électroniques, provenant apparemment de groupes anti-palestiniens en Irlande, adressés en masse cette semaine à tous les conseillers municipaux de Dublin. Ils contiennent les arguments standards d’Israël à propos de Gaza et attaquent les conseillers pour avoir passé la motion.

Israël et l’Irlande

L’Irlande a dans le passé dépensé des millions d’euros dans des armes israéliennes. Celles-ci sont souvent expérimentées sur les Palestiniens. L’actuel ministre des Affaires étrangères de l’Irlande, Charlie Flanagan, a beaucoup soutenu Israël dans le passé. En 2012, avant d’être ministre, il a attaqué Trocaire, l’agence de développement international de l’Église catholique d’Irlande, car celle-ci avait demandé que l’argent de l’Union européenne n’aille plus aux colonies israéliennes illégales installées sur des terres palestiniennes en Cisjordanie occupée. Flanagan disait que Trocaire « menait cette campagne contre Israël. Je crois qu’elle est partiale et partisane…C’est mon opinion qu’ils sont maintenant engagés dans une campagne politique très partisane qui outrepasse leurs attributions ».

Mercredi, Flanagan, dans un discours au Parlement irlandais, le Dáil, a appelé « les deux côtés » à cesser le feu à Gaza, mais en blâmant principalement le Hamas. Utilisant apparemment la propagande de l’armée israélienne comme argumentaire, il a affirmé qu’ « on estimait à 1260 le nombre de roquettes tirées depuis Gaza » et que les frappes aériennes d’Israël avaient été effectuées « en réponse ».

Texte complet de la motion

(Proposé par la conseillère Tina Veigh – People Before Profit Alliance (Alliance « le Peuple avant le profit »)

Le Conseil municipal de Dublin

• Reconnaissant que ceci est, en cinq ans et demi, la troisième attaque massive contre une population civile de 1, 8 million de personnes largement sans défense: attaque durant laquelle 162 Palestiniens ont été tués, dont 137 civils, y compris 34 enfants et 28 femmes, et 1058 autres blessés, principalement des civils, dont 332 enfants et 212 femmes ;

• Notant qu’au moins 125 prisonniers politiques palestiniens faisaient une grève de la faim de plus de 60 jours dans les prisons palestiniennes pour protester contre leurs conditions [de détention] et l’utilisation d’ordres de détention administrative pour emprisonner les Palestiniens ;

• Reconnaissant que la détention administrative est une forme d’internement sans charges, ni procès pendant des périodes allant jusqu’à six mois, qui peuvent être renouvelées plusieurs fois ;

• Notant que la détention administrative pratiquée par Israël viole les lois internationales y compris la Convention de Genève et qu’Amnesty a dit que cette politique « viole le droit à un procès équitable », a été utilisée pour « fouler aux pieds depuis des décennies les droits universels des détenus » et est utilisée pour « supprimer les activités légitimes et pacifiques des militants » ;

• Notant qu’Amnesty dit que de nombreux prisonniers « ont subi la torture et d’autres mauvais traitements durant leur interrogatoire, ainsi que pendant leur détention, parfois comme punition pour des grèves de la faim ou d’autres formes de protestation », et que le gouvernement israélien essaie d’implémenter une législation qui permettra de nourrir de force les grévistes de la faim, une pratique condamnée par la World Medical Association (Association médicale mondiale) ;

• Notant qu’Amnesty a dit que « Israël devait relâcher tous les Palestiniens détenus sous des ordres de détention administrative de longue durée ou les inculper et les juger rapidement et équitablement » ;

• Reconnaissant qu’un procès équitable est improbable sous le système judiciaire militaire israélien qui a un taux de condamnation de 99, 74% pour les Palestiniens et dont Amnesty a dit qu’il ne « remplissait pas les standards internationaux pour des procès équitables » ;

Ce Conseil

•       exprime un message de solidarité aux Palestiniens prisonniers politiques détenus                actuellement par un ordre de détention administrative ;

•       condamne l’usage de la détention administrative par les forces d’occupation israéliennes, et          en demande l’arrêt immédiat, ainsi que la relaxe immédiate et inconditionnelle de ces                        détenus ;

•       condamne toute mesure permettant de nourrir de force des grévistes de la faim ;

  • appelle le gouvernement irlandais à formuler les mêmes demandes et à user de son influence pour condamner le fait que l’État israélien impose actuellement une punition collective sur les personnes protégées [au sens des Conventions de Genève] de Palestine ;
  • appelle à l’arrêt immédiat des attaques israéliennes contre la population de Gaza comme condition préalable cruciale à un accord durable de cessez-le-feu ;
  • réitère notre appel de 2010 pour un arrêt du siège illégal de Gaza imposé par Israël ;
  • réitère notre appel à l’Union européenne de suspendre Israël de l’accord commercial préférentiel Euro-Med, dont l’article 2 affirme que « les dispositions de l’accord lui-même seront fondées sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques qui guident leur politique intérieure et internationale et constituent un élément essentiel de cet accord » ;
  • joint l’appel international de la société civile palestinienne et d’associations des droits de l’homme comme Amnesty International pour un embargo des armes israéliennes ;
  • s’engage à envoyer une délégation du Conseil municipal de Dublin rencontrer le ministre des Affaires étrangères pour encourager le gouvernement irlandais à prendre des mesures concrètes et immédiates en relation avec ce qui précède.

http://electronicintifada.net/blogs/asa-winstanley/dublin-city-council-calls-israel-sanctions