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02/05/12

L’enjeu de la bataille des prisonniers

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Dans le dernier paragraphe (Notre combat) de son article  « Pour quoi se battent les prisonniers politiques Palestiniens ? », Ameer Makhoul qui est un dirigeant de la société civile palestinienne,  prisonnier politique  actuellement enfermé à la prison de Gilboa, énonce clairement les raisons du combat des prisonniers.

(http://www.protection-palestine.org/spip.php?article11667)

 » La véritable préoccupation pour le peuple sous occupation n’est pas de savoir si la détention de leurs fils ou de leurs filles relève d’un ordre administratif israélien ou d’un ordre de tribunal militaire ou civil. L’oppression, la répression et le pillage sont identiques, quel que soit l’outil que l’occupation utilise. La bataille d’Adnan est un combat contre le projet colonialiste dans son ensemble et pas seulement contre l’un de ses outils.

Mais quand des dirigeants palestiniens et des militants des droits de l’homme déclarent que la prochaine étape consiste à intensifier la campagne contre les ordres de détention administrative, cela montre une faiblesse et une vision erronée.

La bataille contre les lois d’urgence israéliennes est une bataille qui regarde les Israéliens, pas le peuple palestinien. La bataille pour les Palestiniens, et pour toutes celles et ceux dans le monde qui s’opposent à l’occupation et au colonialisme, est contre l’occupation et l’État occupant, et pour la libération nationale, pour le rétablissement de la patrie et le retour de ses habitants aujourd’hui réfugiés et exilés.« (souligné par JLM)

Dans une interview récente, Khader Adnan (http://www.protection-palestine.org/spip.php?article11741), à qui on demandait les raisons de sa grève de la faim le jour de son arrestation,  réaffirmait  lui aussi les objectifs stratégiques du combat des prisonniers et de son action. En se mettant en grève de la faim le jour de son arrestation il affirmait ainsi ne pas se battre seulement contre les mauvaises conditions de détention,  et  contre la « détention administrative » mais contre l’injustice de l’arrestation elle -même :   » Ma réjection de la détention administrative est le complément direct de ma réjection de l’occupation elle-même et de ma quête pour retrouver la dignité qui nous a été volée par les Israéliens.« 

La réaffirmation des revendications fondamentales :

L’un et l’autre affirment que l’objectif stratégique de la bataille engagée est la fin de l’occupation, de la colonisation, le retour des Réfugiés et la libération nationale. Qu’ils ne refusent pas seulement les mauvaises conditions, la torture, l’arbitraire illégal de la détention administrative mais le fait des arrestations elles-mêmes. Même si Israël cessait les détentions administratives et respectait les droits des prisonniers, il faudrait combattre les arrestations et exiger la libération de tous les prisonniers. Ce qui ne saurait advenir sans la fin de l’occupation, de la colonisation et de l’apartheid.

Ce retour aux revendications fondamentales et cette volonté de lier les objectifs tactiques aux objectifs stratégiques est énoncé avec fermeté dans l’Appel BDS Palestinien de 2005 et réaffirmé sans cesse. Il semble que, au delà des partis impliqués, l’ esprit qui anime la bataille actuelle des prisonniers palestiniens est celui de  l’écrasante majorité de la société civile palestinienne aujourd’hui et que nous connaissons mieux depuis et à travers l’Appel BDS. Rien de surprenant à cela puisque la quasi totalité des associations de prisonniers et des familles sont signataires de l’Appel BDS. A l’occasion de la journée internationale des prisonniers 12 organisations palestiniennes de prisonniers et de familles des prisonniers ont signé aux côtés du BNC Palestinien (Comité National Palestinien pour le BDS) un appel adressé aux sociétés civiles et aux organisations des droits de l’Homme demandant de boycotter l’entreprise israélienne G4S qui exporte dans le monde son « savoir faire »(!) en matière de surveillance et de répression dans les prisons.

L’appel des organisations de prisonniers au mouvement de solidarité : Inclure la question des prisonniers dans le BDS.

Sans doute sur le plan tactique faut-il dénoncer les violations du droit international et des conventions qui régissent les droits des prisonniers, sans doute faut-il dénoncer la « détention administrative » parce qu’elle est illégale au regard du droit actuel et aussi parce qu’elle est une forme de torture psychologique. Mais rien ne serait plus dommageable que d’isoler la lutte tactique pour le respect des droits des prisonniers et contre la détention administrative de l’objectif stratégique qui est la libération nationale du peuple Palestinien et le retour des Réfugiés.

Que les ONG humanitaires et des droits humains s’en tiennent à réclamer l’application des conventions de Genève en matière du droit des prisonniers et exigent l’interdiction de la détention administrative, cela relève de leur registre d’intervention et c’est tout à leur honneur. Le mouvement de solidarité à la Palestine se tient et se tiendra sans conteste à leurs côtés dans ce travail incontournable et indispensable.

Il appartient au mouvement de solidarité, non seulement de faire connaître et de porter l’ensemble des objectifs (tactiques et stratégiques) de la bataille engagée par les prisonniers Palestiniens, mais aussi et surtout d’inventer les actions et les modalités d’un rapport de force qui fasse reculer Israël.

En liant la lutte actuelle des prisonniers à la campagne BDS internationale, les 12 organisations palestiniennes de défense des prisonniers ont clairement fait entendre leur choix et nous appellent explicitement à inclure la question des prisonniers politiques palestiniens dans la Campagne internationale BDS.

José Luis Moraguès

29 avril 2012

CCIPPP- BDS France.