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11/02/15

Lettre à Tricky: reconsidérez votre projet de concert en Israël de l’apartheid.

Traduction de la Lettre a Tricky: reconsider your planned concert in apartheid Israel

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Cher Tricky, cher Adrian,

Nous sommes quatre de vos plus grands fans français; nous avons grandi en usant tous vos CD depuis Massive Attack jusqurà vos albums en solo; certains d’entre eux étant toujours nos préférés. Nous sommes allés vous voir chaque fois que vous avez donné un concert en France et parfois, ailleurs; nous vous avons vu partager la scène avec Rachid Taha et son joueur de oud, Hakim. Nous étions sur le point de prendre nos tickets pour votre prochain concert parisien; c’est alors que nous avons appris que vous aviez planifié un concert en Israël. Quel choc ce fut !

Nous sommes également des citoyens français impliqués dans la campagne du BDS contre l’apartheid pratiqué par Israël et convaincus de l’importance des prises de positions des artistes publics. Nous étions très heureux de lire sur votre site web la présentation de votre dernier titre « My Palestine Girl »:
C’est le titre le plus politisé de l’album. Une relation avec une Palestinienne à Paris a inspiré Tricky pour réfléchir aux défis d’avoir une relation avec quelqu’un qui vit à Gaza. « Imaginez si l’amour de votre vie était là-bas » dit-il. « C’est un fait politique de diviser pour mieux régner. Je suis allé en Israël. Les gens que j’ai rencontrés ne haïssent pas les Palestiniens. C’est une question politique ».

Nous ne savons pas ce que votre amie palestinienne de Paris pourrait penser du concert que vous avez planifié mais nous pouvons dire, sans le moindre doute, que quelqu’un qui vit à Gaza aujourd’hui, en raison du blocus, ne pourrait pas y assister dans la Tel Aviv de l’apartheid.

S’il est vrai que tous les Israéliens ne haïssent pas les Palestiniens, de nos jours, une représentation en Israël est un fait et une posture politiques. Une représentation en Israël, aujourd’hui, ce n’est pas un événement culturel, c’est un soutien fort et public à l’Etat d’Israël, à sa police d’apartheid, à son occupation brutale, plus particulièrement à la suite du dernier massacre de l’été qui a laissé derrière lui plus de 2 000 Palestiniens civils, morts.

Une représentation en Israël, aujourd’hui, revient à refuser qu’on entende les Palestiniens qui appellent au boycott culturel d’Israël. Cet appel a été lancé en 2005 et il est actuellement suivi par une immense diversité d’artistes parmi lesquels, Cassandra Wilson, Annie Lennox, Cat Power, Stevie Wonder, Roger Waters, Peter Gabriel, Elvis Costello, Carlos Santana, Jello Biafra, MF Doom, Joker, Ewok, Massive Attack, Faithless, The Klaxons, The Killers, Gorillaz Sound System, Nigel Kennedy, mais aussi Ken Loach, Angela Davis, Stephen Hawking, Henning Mankell, Eric Cantona ou Trevor Hogan…

Dans un contexte d’isolement croissant d’Israël, soyez assuré que votre présence sera utilisée par l’état d’Israël et par le Barby club de Tel Aviv, dans leur campagne « Brand Israël » visant à créer une image positive du pays, blanchissant ses guerres criminelles et son mépris des droits de l’homme. Bien que Tel Aviv ressemble à une cité ouverte, tranquille et moderne, elle a été bâtie sur les ruines des villages palestiniens détruits en 1948. Votre spectacle là-bas pourrait, en réalité, signifier que vous vous fichez des cruautés du nettoyage ethnique. Voulez-vous vraiment donner cette impression ?

Nous espérons que cette lettre vous aidera à changer d’avis et à reconsidérer la programmation de votre concert en Israël de l’apartheid. S’il vous plaît, rejoignez les artistes scrupuleux qui ont refusé de légitimer la politique raciste d’Israël par leur seule présence.

Nous accueillerons volontiers toute question que vous pourriez avoir sur ce sujet et nous serions très heureux d’en discuter avec vous pendant que vous visitez la France à l’occasion de votre tournée.

Vos fans, Ismahane, Patrizia, Erwan et Dror