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13/04/13

Lettre aux participants du colloque de Science Po, Avril 2013

Une version pdf de cette lettre, envoyée à touTEs les participantEs du colloque, est  disponible ici

Un colloque est annoncé du 18 au 20 avril 2013 à Science Po Paris, intitulé « Attitudinal change towards Jews and Muslims in France in a comparative perspective » qui pose plusieurs problèmes politiques et scientifiques.

Alors qu’une comparaison entre antisémitisme et islamophobie peut en effet faire l’objet de débats passionnants, ce colloque a choisi de le faire en insistant sur les tensions entre « communautés » plutôt qu’en dénonçant le racisme d’Etat qui frappait les Juifs au XXème siècle et qui frappe aujourd’hui les Musulmans.

Contrairement à certains sociologues invités dont nous voulons croire qu’ils ont été sincèrement trompés, nous ne sommes pas dupes d’une telle démarche : noyer les critiques de l’islamophobie par un grand nombre d’experts incontestables sur l’antisémitisme et la Shoah, renverser les rôles en insistant sur l’antisémitisme des musulmans (4 interventions sur une quinzaine) et confondre antisémitisme avec antisionisme (utilisation du terme de judéophobie forgé par le très controversé Pierre-André Taguieff). La présence de plusieurs équipes israéliennes à l’initiative de ce projet et dans l’organisation de ce colloque, pose quelques questions supplémentaires : si elle n’était pas univoque, pourquoi n’aborderait-elle pas la question de l’islamophobie en Israël ? Pourquoi ne pas évoquer les collusions entre extrêmes droites européennes et partis politiques israéliens ?

Les réponses à ces questions coulent de source quand on découvre les positions de certains des organisateurs. Eli Avraham est responsable, au département de communication de l’Université de Haifa, du programme “Web Ambassadors” qui entraîne des étudiants à la propagande d’Etat israélienne (1). Quant à l’historien Arieh Kochavi, il est co-signataire d’un texte paranoïaque qui assimile toute critique d’Israël à de l’antisémitisme d’origine islamiste, et donne des conseils pour renverser la vapeur en critiquant les leaders musulmans (2). Il n’a d’ailleurs pas défendu son collègue historien Ilan Pappé lorsqu’il fut violemment attaqué par l’Université de Haïfa en 2005. Comment ces chercheurs pourraient-ils parler d’islamophobie avec une quelconque objectivité?

La campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) qui s’oppose à l’intervention d’institutions étatiques israéliennes dans le champ universitaire le fait précisément parce que de telles interventions visent, toujours aux dépens de la rigueur scientifique et parfois subtilement, à défendre les actions d’un Etat qui discrimine une population et occupe son territoire. De plus la complicité des universités israélienne dans le processus de colonisation étatique n’est plus un secret pour personne (3). Ce colloque est la parfaite démonstration que le boycott des institutions israéliennes doit donc également s’appliquer au champ universitaire. En suivant le modèle de la campagne de boycott de l’apartheid en Afrique du Sud, qui visait aussi ses universitaires, 170 organisations de la société civile palestinienne appellent depuis 2005 les universitaires de conscience à boycotter l’Etat israélien tant qu’il ne respectera pas le Droit International.

Nous espérons que ce courrier aura fait réfléchir les participants prévus à ce colloque qu’en aucun cas nous ne voulons censurer, et qu’il leur aura fait prendre une décision compatible avec la rigueur scientifique, mais aussi avec une position politique moralement défendable compte tenu de l’actualité tragique au Moyen-Orient.

La Campagne BDS France
CICP
21 ter rue Voltaire
75011 Paris
campagnebdsfrance@yahoo.fr
Pour plus d’informations: http://www.bdsfrance.org

 

  1. http://newmedia-eng.haifa.ac.il/?p=5778
  2. http://www.inminds.com/article.php?id=10304
  3. http://www.bdsfrance.org/images/stories/universitaire/AIC09.pdf