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02/06/15

Sous la pression du boycott, Orange cherche à prendre ses distances avec les opérations israéliennes

| Orange
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Par Ali Abunimah , Jeudi 28/05/2015

L’entreprise de télécommunications multinationale Orange cherche à prendre ses distances avec son partenaire israélien alors qu’elle fait face à une pression croissante d’un boycott visant sa filiale égyptienne Mobinil.

Mais BDS Egypte, organisateur du boycott de Mobinil, a rejeté les déclarations de l’entreprise qualifiées de «tromperie éhontée » et a dénoncé une volonté de tromper le public égyptien.

La campagne a affirmé que le boycott de Mobinil se poursuivra jusqu’à ce qu’Orange mette fin à son contrat avec sa filiale israélienne Partner Communications pour sa complicité dans les violations des droits de l’homme et les crimes de guerre commis contre les Palestiniens.

Mobinil, avec au moins 33 millions de clients en Egypte, est détenue à plus de 99 pour cent par Orange, faisant de l’Égypte un des plus grands marchés de la multinationale basée en France.

Pendant ce temps, des militants français ont accru la pression, organisant un rassemblement mercredi à Paris devant le lieu où Orange tenait son assemblée générale annuelle des actionnaires.

La pression monte en Egypte

Il n’a fallu que quelques jours pour que la campagne de boycott, lancée en Egypte samedi dernier , n’attire l’attention des médias nationaux et ne suscite une réaction défensive de la filiale d’Orange.

Le boycott a bénéficié d’un coup de pouce de haut-rang par la personne de Hamdeen Sabahy, le candidat à l’élection présidentielle démocratique de 2012 ainsi qu’à l’élection truquée de 2014, exhortant ses 2,6 millions d’abonnés sur Twitter à soutenir le boycott contre Mobinil et à changer de fournisseur de services mobiles.

La société a réagi rapidement, via son compte Twitter officiel niant l’existence de preuves irréfutables des connexions existant entre Orange et l’entreprise israélienne Partner Communications.

Le directeur général de Mobinil Yves Gauthier a affirmé dans des déclarations publiées par le site égypyien youm7.com qu’Orange « n’a pas de présence opérationnelle en Israël, et n’a aucun lien de propriété avec la société israélienne Partner Communications. »

Gauthier a ajouté que le contrat en vertu duquel Partner Communications opère sous l’appellation Orange Israël était un héritage d’accords du passé datant de 1998.

«Malhonnêteté éhontée »

Dans un communiqué publié sur sa page Facebook , BDS Egypte a rejeté les affirmations de Gauthier les qualifiant de «malhonnêteté éhontée par lequel l’entreprise cherche à dissimuler sa complicité dans les crimes de l’occupation [israélienne]. »

En fait, Orange opère en Israël à travers un contrat de franchise avec la société indépendante Partner Communications Ltd.

Orange participe à des violations systématiques des droits des Palestiniens, selon une enquête publiée ce mois-ci par une coalition d’organisations syndicales et des droits de l’homme françaises et palestiniennes.

Le rapport note qu’Orange tire profit des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée dans la mesure où la société Partner gère des centaines d’antennes de télécommunication et autres infrastructures, en grande partie sur des terres confisquées à des Palestiniens.

Il existe également des dizaines de boutiques de la marque Orange dans les colonies, construites par Israël en Cisjordanie en violation du droit international.

Soutien aux massacres de Gaza

Ce qui a particulièrement généré l’indignation est le fait qu’Orange Israël parraine directement deux unités militaires israéliennes, dont l’une – la Ezuz tank brigade – a directement participé à certaines des opérations les plus sanglants de l’assaut de l’été dernier sur la bande de Gaza qui a tué plus de 2200 Palestiniens.

En Avril, The Electronic Intifada a révélé que Ezuz était présente à deux endroits dans la bande de Gaza – près de Khan Younis et de Rafah – à des moments précis où des centaines de civils ont été tués et des milliers de maisons détruites.

Orange Israël, en outre, fournit des services gratuits aux soldats israéliens et a envoyé trois unités mobiles vers le front pour répondre à tous leurs besoins.

Le PDG de Mobinil Gauthier a ajouté qu’Orange était contractuellement défendue d’interférer dans les activités de Partner en Israël. Mais son affirmation que le contrat avec la société israélienne était en quelque sorte un héritage du passé est démentie par le fait que le contrat lucratif a été renouvelé en 2011 .

Il a été modifié à nouveau en Avril , portant la durée du renouvellement du contrat à dix ans et incluant une augmentation des redevances versées par Partner à Orange pour l’utilisation de sa marque.

À la lumière de ces faits, BDS Egypte a mis en garde Mobinil que « cette tentative de tromper le peuple égyptien ne fonctionnera pas. »

« Si Orange souhaite s’acquitter de ces crimes », a-t-il ajouté, la société « devrait prendre la bonne décision de mettre fin à son contrat avec la société israélienne Partner, de stopper son soutien à l’occupation et de cesser de tirer profit de cet odieux accord. »

BDS Egypte a publié un rapport détaillé en arabe sur les activités d’Orange en Israël ainsi qu’en Cisjordanie occupée.

Manifestation à Paris

Mercredi à Paris, des militants de BDS France – flanqués de perruques orange – se sont rassemblés devant le Palais des Congrès où Orange tenait sa réunion annuelle:

L’Etat français détient 25 pour cent des actions d’Orange, ce qui signifie que le gouvernement tire profit des colonies israéliennes auxquelles il prétend officiellement s’opposer.

Des Organisations de la société civile française et des syndicats ont exhorté le gouvernement à mettre fin à sa complicité.

Dans un communiqué publié sur son site web , BDS France a précisé que le PDG d’Orange Stéphane Richard a déclaré aux actionnaires que la société cherche à étendre ses activités au Moyen-Orient – où elle opère déjà en Tunisie, en Jordanie, en Irak, en Égypte ainsi qu’en Israël.

L’organisation ajoute : « Mais il n’a pas mentionné la relation honteuse de l’entreprise avec Partner. »

« Grace aux récentes révélations de The Electronic Intifada, nous avons pu voir jusqu’à quel point va la complicité avec le régime israélien, » a déclaré BDS France en référence à l’appui d’Orange Israël aux unités militaires israéliennes à Gaza.

La campagne a rappelé à Orange les « échecs commerciaux d’une autre société française, Veolia, suite à sa complicité avec les politiques coloniales et d’apartheid d’Israël. »

Après avoir été pendant des années la cible des militants et perdu des milliards en contrats, Veolia a été forcé de céder la quasi-totalité de ses activités liées à l’occupation israélienne en Cisjordanie.

BDS Egypte et BDS France ont mis en ligne des pétitions conjointes en anglais , français et arabe exhortant Orange à mettre fin à son accord avec Partner.

Ils ont également été tweeté utilisant le hashtag #OrangeSanguine et قاطع_موبينيل # (boycott Mobinil).

Traduction Youssouf R. pour BDS France

Source: Electronic Intifada : http://electronicintifada.net/blogs/ali-abunimah/under-boycott-pressure-orange-tries-distance-itself-israeli-operation?utm_source=EI+readers&utm_campaign=7137aa72b1-RSS_EMAIL_CAMPAIGN&utm_medium=email&utm_term=0_e802a7602d-7137aa72b1-299171081 

Les militants protestent devant l’assemblée générale annuelle d’Orange au Palais des Congrès à Paris, le 27 mai (BDS France)