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31/12/11

Achat de drones israéliens par la France : des sénateurs demandent l’abandon de l’affaire

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Ali Abunimah

Electronic Intifada, 30 décembre 2011

Les militants de la campagne de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) en France ont saisi leur gouvernement pour qu’il renonce à l’achat de drones Heron TP à la société israélienne Israel Aircraft Industries, portant sur 318 millions d’€. Dans le même temps, des sénateurs français de premier plan ont demandé, publiquement, que le pays abandonne cette acquisition au motif que les drones israéliens étaient inadaptés aux besoins des forces armées. Une pétition a été lancée par la Campagne BDS France exhortant le gouvernement à rompre l’accord et appelant à un embargo militaire immédiat sur Israël.

(…)

La décision d’acheter des drones israéliens a « surpris » le Sénat français. Début décembre, les vice-présidents des Commissions des Affaires étrangères et de la Défense nationale du Sénat ont publié une lettre ouverte dans le journal Le Monde où ils s’opposent fermement à la décision. Les quatre sénateurs, deux de l’UMP, le parti du président Nicolas Sarkozy, et deux de l’opposition socialiste, ont écrit : « Le 20 juillet, le ministre de la défense, Gérard Longuet, a choisi d’équiper nos forces du Héron TP fabriqué par la société israélienne IAI et importé par Dassault. Au Sénat, cette décision a surpris. Quand un Etat se préoccupe de l’équipement de ses forces, il doit le faire sans parti pris, de façon rationnelle, c’est-à-dire mesurable : quel prix, quelles performances, quelle souveraineté industrielle ? Si cela est possible, il doit concilier ces objectifs. A défaut, il doit les hiérarchiser, en plaçant en tête la sécurité de ses soldats et l’efficacité de ses forces. » Les sénateurs précisent que les drones israéliens sont inadaptés aux besoins français. « Le Heron TP, écrivent-ils, est grand, lent et vulnérable face à des conditions météorologiques dégradées ».

Ils préconisent l’achat à la place du drone américain Reaper. Leur soutien pour le Reaper démontre cependant que les sénateurs, tout en s’opposant au drone israélien, ne soulèvent aucune question quant à l’éthique de l’acquisition. Leur opposition, selon leurs propres termes, porte strictement sur le mérite technique. Néanmoins, avec un noyau significatif déjà existant qui s’oppose à l’achat à Israël, les militants de la campagne BDS pourront être plus efficaces auprès de l’opinion publique pour que cet achat soit abandonné.

La campagne en France fait écho à une initiative très ancienne de citoyens finlandais visant à faire renoncer leur pays à un achat possible de drones israéliens.
Le ministre des Affaires étrangères finlandais, Erkki Tuomioja, s’était déjà exprimé publiquement, alors qu’il était dans l’opposition, contre l’achat d’armes israéliennes pour des raisons d’éthique et il a récemment condamné l’ « apartheid » israélien. En juillet dernier, le Réseau européen contre le commerce d’armes (http://www.enaat.org/) a publiquement soutenu l’embargo sur les armes israéliennes et appelé à mettre un terme à « toute formation dans le cadre militaire et consultation avec l’armée israélienne, les sociétés militaires et les institutions de recherche universitaires ».

Source : http://electronicintifada.net/blog/ali-abunimah/campaign-launched-against-french-purchase-israeli-drones-senators-demand-deal-be traduction : JPP