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14/01/11

Emir Kusturica, s’il te plaît, ne te rends pas en Israël

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Chaque jour, Israël commet des violations du droit international et des droits de l’homme, et des crimes d’apartheid.  En se produisant là-bas, un artiste offre son image à ce pays, image dont il se sert pour polir la sienne, se fondre dans la culture « civilisée » et ainsi banaliser ses crimes. Des cinéastes comme Ken Loach, Jean-Luc Godard ou Meg Ryan, des musiciens comme Elvis Costello, les Pixies ou Massive Attack ont publiquement refusé de participer à des festivals en Israël et Naomi Klein refuse elle aussi tout rapport avec Israël. S’il te plaît, Emir, fais comme eux, ne te rends pas en Israël.

En te produisant là-bas, tu légitimes tous ces crimes et tu lies ainsi l’image de notre pays d’origine commun à un Etat criminel ; la Serbie n’a pas besoin de cela !

Tu es originaire, comme moi, d’un pays que le racisme et la peur de l’autre ont contribué à dévaster. Or c’est bien cette peur de l’autre, habillée en lutte pour sa survie, qui conduit Israël à toutes ses exactions. L’asymétrie des forces est tellement criante, comment prendre au sérieux aujourd’hui ce discours grotesque de légitime défense pour justifier les civils massacrés, les enfants mutilés par un missile alors qu’ils jouent sur le toit de leur maison, des familles entières expulsées de leurs maisons et forcés d’assister à leur destruction ? Que dire du pathétique zoo de Gaza, où l’on avait peint des rayures sur un âne pour faire croire aux enfants que c’était un zèbre ? Il aurait eu toute sa place à côté du zoo de Belgrade dans Underground. En te rendant en Israël, tu participes et vis-à-vis de la société israélienne et vis-à-vis de la communauté internationale à cette normalisation de l’immoralité, à rendre invisible la souffrance de tout un peuple. S’il te plaît, Emir, ne sois pas complice de ces tristes similarités, ne te rends pas en Israël.

Tu te réfères, comme moi, au Che et ton internationalisme te mène partout dans le monde. La lutte du peuple palestinien est aussi une lutte internationaliste. Elle défie le colonialisme, représenté par l’Etat d’Israël, largement soutenu par les Etats-Unis et l’Europe, ceux-là mêmes qui hier bombardaient nos familles et nos amis à Belgrade et ailleurs dans le pays. S’il te plaît, Emir, ne te trompe pas de route, ne te rends pas en Israël.

Tu prônes la Révolution, comme moi, pour un monde meilleur, débarrassé des puissances de l’argent et du pouvoir capitaliste qui a besoin de la guerre pour se maintenir. Israël produit les armes les plus ignobles, il le revendique et en est fier, et ses mêmes drones testés pour martyriser les civils palestiniens servent ensuite à surveiller les quartiers populaires en France. S’il te plaît, Emir, ne fais pas crédit à cette économie de guerre, ne te rends pas en Israël.

Tu es passionné de foot, comme moi, mais sais-tu que les Palestiniens ne peuvent même pas construire de stade, ou même simplement nettoyer un vieux terrain ? Les gosses sont privés de sport et les balles qu’ils connaissent le mieux marquent des buts de mort. Tu t’imagines adolescent à Sarajevo, sans moyen de courir derrière un ballon et de retrouver tes amis ? S’il te plaît, Emir, quelle honte si ton concert était programmé dans un stade israélien, ne te rends pas en Israël.

Ta musique déjantée est pleine de vie, comme les Balkans, comme la Palestine ; on ne peut y penser qu’avec un sourire et l’envie de danser. Mais les palestiniens, eux, ne pourront pas l’entendre, la partager, la vivre, car ils ne peuvent se rendre sur les lieux de tes concerts. S’il te plaît, Emir, comment pourrais-tu jouer pour leurs geôliers à deux pas de chez eux, ne te rends pas en Israël.

Les Palestiniens sont un peuple qui résiste, comme les Serbes. Les Palestiniens reconstruisent, encore et encore, comme les Belgradois depuis des siècles et des siècles, punis à chaque fois pour cette résistance. Les Palestiniens se sentent seuls au monde, comme les Serbes lors des bombardements de 1999, lorsque à Belgrade on taggait des croix gammées sur le centre culturel français de Knez Milos et qu’on se demandait comment la sœur française avait pu les abandonner. Aujourd’hui les Palestiniens, et nous, citoyens de conscience du monde, on se demande comment tu peux abandonner le peuple Palestinien en allant côtoyer ses bourreaux. Emir, s’il te plaît, du fond de mon cœur, je te demande pour toutes ces raisons, de ne pas aller en Israël.

La campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) a été lancée par la société civile palestinienne en 2005, suite à des dizaines d’années de lutte contre Israël et sa politique d’apartheid. Les palestiniens font appel aux citoyens de conscience du monde afin de faire pression sur Israël pour qu’il respecte enfin le droit international et les droits des palestiniens et que prenne fin le plus long conflit de l’histoire récente.
Les Palestiniens nous demandent de boycotter tous les produits israéliens, mais aussi de pratiquer un boycott sportif, culturel et universitaire.
La campagne BDS demande tout simplement l’application du droit international, à savoir :
le droit au retour pour tous les réfugiés ;
la fin de la colonisation, de l’occupation et le démantèlement du Mur ;
la fin de l’apartheid pour les palestiniens de 48 (dits « Arabes israéliens »).

Molimte Emir, ne idi u Israel !
Hvala ti puno moy druz

Helene

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Please Emir, do not go to Israel

Dear Emir,

I saw that you are going to Israel to give a couple of concerts. Please Emir, do not go to Israel.

Every day, Israel violates international law and human rights, and commits crimes of apartheid. By playing there, an artist offers his image to this country, image that Israel uses to polish its own image, and to melt into the « civilized » culture, thus making its crimes benign. People like Ken Loach, Jean-Luc Godard or Meg Ryan, musicians like Elvis Costello, the Pixies or Massive Attack publicly refused to play in Israel, and Naomi Klein is in this campaign as well. Please Emir, do the same thing, do not go to Israel.

By playing there, you give legitimacy to all these crimes and you link the image of our common country of origin to a criminal state; Serbia does not need that!

You are coming, like me, from a country that racism and fear of the other contributed to destroy. But it is indeed this fear of the other, under cover of struggle for its survival, that drives Israel into all these crimes. The asymmetry of forces between Israel and Palestine is so obviously enormous, how can we seriously give credit to this grotesque self defense rhetoric to justify mass massacres of civilians, kids mutilated by a missile while they were playing on the roof of their houses, entire families expelled from their homes and forced to watch as their homes are being destroyed? What could be said about the pathetic Gaza zoo, where strips had been painted on a donkey to make kids believe it was a zebra? It would have fitted perfectly in the Belgrade zoo in Underground. By going to Israel, in the eyes of the Israeli society and of the international community, you participate in normalizing immorality, making invisible the suffering of a whole people. Please Emir, do not be an accomplice of these sad similarities, do not go to Israel.

You are referring, like me, to Che Guevara, and your internationalism takes you everywhere across the world. The struggle of the Palestinian people is also an internationalist struggle. It defies colonialism, represented by the state of Israel, largely backed by the United States and by Europe, these very same countries that, yesterday, were bombing our families and friends in Belgrade and everywhere else in the country. Please Emir, do not take the wrong road, do not go to Israel.

You talk about the Revolution, like me, for a better world, a world in which we could have gotten rid of financial and capitalist powers that rely war to maintain themselves. Israel produces the most ignominious weapons, and is proud of it, and these drones that are used to martyr Palestinian civilians are then used here in France to monitor our popular suburbs. Please Emir, do not give credit to this economy of war, do not go to Israel.

You are crazy about soccer, like me, but do you know that Palestinians cannot even build a soccer stadium, or even just clean up an old field? Kids are deprived of sport and the shots they know best score death goals. Can you picture yourself as a teenager in Sarajevo, unable to run after a ball and to meet up with your friends? Please Emir, what a shame if your concerts were programmed in an Israeli stadium, do not go to Israel.

Your music is crazy, and full of life, like the Balkans, like Palestine ; I cannot think about it without a smile on my face and an urge to dance. But Palestinians cannot listen to it, cannot share it, cannot live it, because they cannot go where you are giving your concerts. Please Emir, how could you play for their jailers so close to their homes, do not go to Israel.

The Palestinian people are a people that resist, just like the Serbian people. Palestinians rebuild, again and again, like the people from Belgrade has done for centuries, always punished for this resistance. Palestinians feel alone in the world, like the Serbs during the 99 bombings, when in Belgrade the French cultural center of Knez Milos was covered with nazi symbols and that we asked ourselves how the French sister could have abandoned Serbia. Today Palestinians, and us, citizens of the world, we ask ourselves how you could abandon the Palestinian people by going and keeping close to their torturers. Please Emir, from the bottom of my heart, really, I am asking you, for all these reasons, not to got to Israel.

The BDS (Boycott Divestment Sanctions) campaign was launched by the Palestinian civil society in 2005, after decades of struggle against Israel and its apartheid system. Palestinians are asking us, citizens of the world, to pressure Israel in order to have Israel finally respects international law and Palestinian rights, thus putting an end to the longest conflict of recent history.
Palestinians ask us to boycott all Israeli products, as well as to engage in a sport boycott, cultural and academic boycott as well.
The BDS campaign simply asks for the application of international law, that is to say :
The right of return for all refugees;
The end of colonization, occupation and the dismantlement of the Wall;
The end of apartheid for Palestinians of 1948 (also called « Arab Israelis »).

Molimte Emir, ne idi u Israel !
Hvala ti puno moy druz

Helene

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Emir, s’il te plaît, ne te rends pas en Israël

 

 

 

 

 

Cher Emir,

 

J’ai appris que tu vas te rendre en Israël pour y donner un concert. S’il te plaît, Emir, ne te rends pas en Israël.

 

Chaque jour, Israël commet des violations du droit international et des droits de l’homme, et des crimes d’apartheid.  En se produisant là-bas, un artiste offre son image à ce pays, image dont il se sert pour polir la sienne, se fondre dans la culture « civilisée » et ainsi banaliser ses crimes. Des cinéastes comme Ken Loach, Jean-Luc Godard ou Meg Ryan, des musiciens comme Elvis Costello, les Pixies ou Massive Attack ont publiquement refusé de participer à des festivals en Israël et Naomi Klein refuse elle aussi tout rapport avec Israël. S’il te plaît, Emir, fais comme eux, ne te rends pas en Israël.

 

En te produisant là-bas, tu légitimes tous ces crimes et tu lies ainsi l’image de notre pays d’origine commun à un Etat criminel ; la Serbie n’a pas besoin de cela !

 

Tu es originaire, comme moi, d’un pays que le racisme et la peur de l’autre ont contribué à dévaster. Or c’est bien cette peur de l’autre, habillée en lutte pour sa survie, qui conduit Israël à toutes ses exactions. L’asymétrie des forces est tellement criante, comment prendre au sérieux aujourd’hui ce discours grotesque de légitime défense pour justifier les civils massacrés, les enfants mutilés par un missile alors qu’ils jouent sur le toit de leur maison, des familles entières expulsées de leurs maisons et forcés d’assister à leur destruction ? Que dire du pathétique zoo de Gaza, où l’on avait peint des rayures sur un âne pour faire croire aux enfants que c’était un zèbre ? Il aurait eu toute sa place à côté du zoo de Belgrade dans Underground. En te rendant en Israël, tu participes et vis-à-vis de la société israélienne et vis-à-vis de la communauté internationale à cette normalisation de l’immoralité, à rendre invisible la souffrance de tout un peuple. S’il te plaît, Emir, ne sois pas complice de ces tristes similarités, ne te rends pas en Israël.

 

Tu te réfères au Che, comme moi, et ton internationalisme te mène partout dans le monde. La lutte du peuple palestinien est aussi une lutte internationaliste. Elle défie le colonialisme, représenté par l’Etat d’Israël, largement soutenu par les Etats-Unis et l’Europe, ceux-là mêmes qui hier bombardaient nos familles et nos amis à Belgrade et ailleurs dans le pays. C’est en Palestine, pas en Israël, que le Che s’est rendu dans les années 60 pour soutenir la lutte du peuple palestinien. S’il te plaît, Emir, ne te trompe pas de route, ne te rends pas en Israël.

 

Tu prônes la Révolution, comme moi, pour un monde meilleur, débarrassé des puissances de l’argent et du pouvoir capitaliste qui a besoin de la guerre pour se maintenir. Israël produit les armes les plus ignobles, il le revendique et en est fier, et ses mêmes drones testés pour martyriser les civils palestiniens servent ensuite à surveiller les quartiers populaires en France. S’il te plaît, Emir, ne fais pas crédit à cette économie de guerre, ne te rends pas en Israël.

 

Tu es passionné de foot, comme moi, mais sais-tu que les Palestiniens ne peuvent même pas construire de stade, ou même simplement nettoyer un vieux terrain ? Les gosses sont privés de sport et les balles qu’ils connaissent le mieux marquent des buts de mort. Tu t’imagines adolescent à Sarajevo, sans moyen de courir derrière un ballon et de retrouver tes amis ? S’il te plaît, Emir, quelle honte si ton concert était programmé dans un stade israélien, ne te rends pas en Israël.

 

Ta musique déjantée est pleine de vie, comme les Balkans, comme la Palestine ; on ne peut y penser qu’avec un sourire et l’envie de danser. Mais les palestiniens, eux, ne pourront pas l’entendre, la partager, la vivre, car ils ne peuvent se rendre sur les lieux de tes concerts. S’il te plaît, Emir, comment pourrais-tu jouer pour leurs geôliers à deux pas de chez eux, ne te rends pas en Israël.

 

Les Palestiniens sont un peuple qui résiste, comme les Serbes. Les Palestiniens reconstruisent, encore et encore, comme les Belgradois depuis des siècles et des siècles, punis à chaque fois pour cette résistance. Les Palestiniens se sentent seuls au monde, comme les Serbes lors des bombardements de 1999, lorsque à Belgrade on taggait des croix gammées sur le centre culturel français de Knez Milos et qu’on se demandait comment la sœur française avait pu les abandonner. Aujourd’hui les Palestiniens, et nous, citoyens de conscience du monde, on se demande comment tu peux abandonner le peuple Palestinien en allant côtoyer ses bourreaux. Emir, s’il te plaît, du fond de mon cœur, je te demande pour toutes ces raisons, de ne pas aller en Israël.

 

La campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) a été lancée par la société civile palestinienne en 2005, suite à des dizaines d’années de lutte contre Israël et sa politique d’apartheid. Les palestiniens font appel aux citoyens de conscience du monde afin de faire pression sur Israël pour qu’il respecte enfin le droit international et les droits des palestiniens et que prenne fin le plus long conflit de l’histoire récente.

Les Palestiniens nous demandent de boycotter tous les produits israéliens, mais aussi de pratiquer un boycott sportif, culturel et universitaire.

La campagne BDS demande tout simplement l’application du droit international, à savoir :

le droit au retour pour tous les réfugiés ;

la fin de la colonisation, de l’occupation et le démantèlement du Mur ;

la fin de l’apartheid pour les palestiniens de 48 (dits « Arabes israéliens »).

 

 

Molimte Emir, ne idi u Israel !

Hvala ti puno moy druz

 

 

 

Helene