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12/11/25

Communiqué : le Collège de France rejoint la troupe des complices du génocide

12 novembre 2025, déclaration commune Artistes pour la Palestine, Campagne BDS France et Universitaires avec Gaza.

Depuis deux ans, on dénonce le « deux poids – deux mesures » de l’État français et de ses institutions, dans le respect et l’application du droit international dans la guerre menée par la Russie en Ukraine et le génocide commis par Israël contre les Palestinien·nes de Gaza. Mais il faut bien se rendre à l’évidence, c’est bien plus que ça : l’État français et ses institutions ont choisi leur camp, celui de l’apologie du génocide et de la complicité avec les crimes de masse israéliens et la poursuite de la colonisation israélienne de la Palestine. Depuis que la Cour internationale de justice a reconnu dès janvier 2024 le risque plausible de génocide à Gaza, la France aurait dû tout faire pour prévenir, empêcher et punir la commission du « crime des crimes » contre les Palestinien·nes de Gaza, en sanctionnant Israël et ses dirigeant·es.

Elle n’en a rien fait. Pis encore, elle a décidé de soutenir et d’être complice de ce crime et a révélé son application à géométrie variable du droit international. En effet, si celui-ci est invoqué dans le cas de l’Ukraine, il est foulé aux pieds quand on parle de la Palestine. En 2022, la Philharmonie avait annulé des concerts d’orchestres russes. Même une situation bien moins dramatique avait conduit le ministère français des Affaires étrangères à cesser toute collaboration culturelle avec le Mali, le Niger et le Burkina Faso en septembre 2023. 

Mais quand on parle de la Palestine, la logique est renversée : dans un cas, la représentation de l’Israeli Philharmonic Orchestra (IPO) à la Philharmonie de Paris, qui joue l’hymne de l’État colonial, dont la sécurité est assurée par le Mossad, dont la moitié des places a été offerte au CRIF, et dont la tournée vise à redorer le blason de l’État génocidaire, est clairement politique et son annulation a été demandée pour cette raison par une opinion publique traumatisée par le génocide et éprise de justice. L’annulation n’a pas eu lieu, le 6 novembre des militant·es se sont courageusement et pacifiquement exprimé·es pour protester contre cette propagande génocidaire, ils et elles ont été violenté·es, arrêté·es et traduit·es en justice. Poursuivi·es pour avoir voulu s’opposer à une complicité avec un génocide en cours ! En France, il est donc autorisé de soutenir un État accusé de génocide, mais aussi de s’en prendre à celles et ceux qui le dénoncent. 

Dans un autre cas, un colloque scientifique sur la Palestine et l’Europe qui devait se tenir les 13 et 14 novembre prochain au Collège de France est annulé. Sous les auspices du professeur Henry Laurens, spécialiste reconnu de l’histoire de la Palestine, il devait réunir des personnalités telles que Josep Borrell, Dominique de Villepin, ou Francesca Albanese, mais il est annulé « en réaction à la polémique » qui l’entourait. Contrairement au cas de la Philharmonie, la liberté d’expression ou de culture n’est plus invoquée ici, car la logique n’est plus de mise. Le colloque est annulé en imputant aux organisateurs une prétendue partialité. Dans son communiqué, le ministre Philippe Baptiste, dont un collectif demande la démission, assume le paradoxe selon lequel l’annulation garantit les libertés académiques, en éloignant un supposé risque de trouble à l’ordre public. 

De la même façon que l’accueil de l’IPO était politique, l’annulation de ce colloque l’est tout autant. De même que l’État français, par l’intermédiaire de son ministère de la culture, voulait accueillir l’IPO dans le but explicite de soutenir l’État colonial israélien, le Collège de France, à la demande du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, annule le colloque sur la Palestine dans ce même soutien complice du génocide et afin de ne pas contrarier l’ordre établi. 

S’il était besoin de montrer d’autres cas de complicités actives, rappelons que plusieurs autres séminaires universitaires sur la Palestine ont déjà été annulés, en particulier à l’École normale supérieure, et que le Sénat a accueilli le 10 novembre un colloque « scientifique » financé en grande partie par Israël et ses lobbys. Tandis que France Université se présente comme espace de défense des libertés académiques, elle s’abstient de toute prise de position face aux crimes de masse commis par Israël. Dans le même temps, les universitaires qui dénoncent le génocide en cours et rappellent que les États ont, en vertu du droit international, l’obligation de prévenir, réprimer et sanctionner le génocide se voient discrédité·es, délegitimé·es et censuré·es. 

Depuis deux ans, la France n’a jamais cessé de livrer des armes et des composants militaires à l’armée génocidaire, mais pas à l’État palestinien qu’elle vient pourtant de reconnaître hypocritement. Elle ne fait ainsi que poursuivre au grand jour une complicité avec la colonisation de la Palestine qui date depuis les prémices du projet colonial sioniste. La nouveauté est qu’elle ne s’embarrasse plus de faire semblant de respecter le droit international, ou d’adopter une simple cohérence de façade. 

L’espace des libertés fondamentales (académiques, de réunion et d’expression notamment) en France se réduit dangereusement, alors que c’est l’État qui s’arroge le droit de décider ce qui est bon ou mauvais, vrai ou faux, dans une dérive qui s’apparente au fascisme. Alors qu’aucun soldat franco-israélien n’a été poursuivi pour crime de guerre, des dizaines de militant·es sont arrêté·es et poursuivi·es pour apologie de terrorisme alors qu’ils et elles font ce que la Cour internationale de justice exige de la France : s’opposer au génocide en cours à Gaza ! 

Devant l’inaction criminelle de nos institutions, nous continuerons à nous opposer au génocide à Gaza, à la colonisation en Palestine, au régime d’apartheid que subissent les Palestinien·nes et à la complicité de nos gouvernements.