C’est grâce à la complicité permanente des États, des entreprises et des institutions du monde entier, qu’Israël peut continuer en direct son génocide, les massacres quotidiens, en brûlant, affamant et assoiffant jusqu’à la mort les enfants, les hommes et les femmes palestinien·nes.
En ce 1er mai, jour historique pour le mouvement ouvrier international qui commémore les luttes des travailleur·ses pour la dignité et la justice, en tant que syndicats professionnels palestiniens, nous renouvelons d’urgence notre appel aux syndicats du monde entier à intensifier tous les efforts pour mettre fin à cette complicité honteuse dans l’occupation illégale, l’apartheid colonial et le génocide israéliens.
Nos 2,3 millions de camarades à Gaza qui survivent encore face à ce génocide et qui continuent à y résister, l’ensemble du peuple palestinien qui résiste à l’agression militaire brutale, au vol de terres, à la destruction de communautés entières, à l’apartheid, à la colonisation de peuplement et à l’occupation partout en Palestine, comptent sur des actes de solidarité significatives, et pas seulement sur un soutien rhétorique.
Le 1er mai est une journée de solidarité internationaliste, au cours de laquelle nous nous rappelons qu’une blessure infligée à l’un est une blessure infligée à tou·tes. Le génocide étasuno-israélien et la complicité dont il bénéficie dans le monde n’ont pas seulement exterminé des dizaines de milliers de Palestinien·nes ; ils ne continuent pas à tuer des travailleur·ses palestinien·nes simplement parce qu’ils continuent à faire leur travail en tant que personnel médical, journalistes, secouristes et travailleur·ses humanitaires. Ils ont également accéléré l’entrée dans l’ère de la « loi du plus fort ». Cela se manifeste par l’effondrement du respect du droit international, des droits humains et des droits des travailleur·ses. Cette situation nous concerne tou·tes et devrait donc tou·tes nous unir. Notre lutte pour la justice en Palestine est inséparable de la lutte mondiale contre le racisme systémique, l’exploitation et l’oppression.
Les décisions prises en 2024 par la Cour Internationale de Justice (CIJ) – selon lesquelles Israël commet vraisemblablement un génocide, son occupation est illégale et ses politiques relèvent de l’apartheid – font de la cessation de toute complicité avec les crimes d’Israël et de l’imposition de sanctions ciblées et légales, y compris un embargo militaire bilatéral, non seulement une obligation morale, mais aussi une obligation légale pour les États et les entreprises. Et pour tous les syndicats.
Il est du devoir des syndicats de s’assurer que les travailleur·ses qu’ils représentent – que ce soit dans les ports, sur les navires, dans les entreprises ou dans les administrations – ne sont pas impliqué·es, même à leur insu et/ou sans leur consentement, dans des actions qui les rendraient complices du génocide, de l’apartheid et de l’occupation illégale d’Israël.
Nous appelons les syndicats et les travailleur·ses du monde entier à manifester leur solidarité par des campagnes de pression sur les gouvernements, les entreprises et les institutions pour qu’ils respectent leurs obligations en vertu du droit international en mettant fin à toute complicité avec l’oppression coloniale israélienne. Voici quelques-unes des nombreuses actions de solidarité inspirantes menées par des travailleur·ses et des syndicats du monde entier :
- IndustriALL Global Union, une fédération syndicale internationale qui représente 50 millions de travailleur·ses dans 140 pays dans les secteurs de l’exploitation minière, de l’énergie et de l’industrie manufacturière, a rejoint le mouvement BDS.
- Les syndicats norvégiens, menés par LO (qui représente un million de travailleur·ses), ont fait pression sur le fonds souverain norvégien, le plus important au monde, pour qu’il exclue Israël de la liste des États dans lesquels il peut investir. En 2024, le fonds a annoncé qu’il se séparerait de la totalité de ses obligations israéliennes, soit environ 500 millions de dollars.
- Les principaux syndicats indiens représentant des dizaines de millions de travailleur·ses ont fait pression sur le gouvernement indien pour qu’il annule un accord visant à « exporter » des travailleur·ses vers Israël pour remplacer les travailleur·ses palestinien·nes, en exhortant les travailleur·ses à boycotter les produits israéliens et à ne pas manipuler les marchandises israéliennes.
- Les syndicats de dockers de Belgique, d’Inde, de Catalogne, de France, d’Italie, de Grèce, de Turquie, du Maroc, de Californie et d’Afrique du Sud se sont opposés et/ou ont tenté de bloquer les navires israéliens ou les livraisons d’armes à Israël.
- L’IAATW, une alliance internationale de syndicats de travailleur·ses du transport basés sur des applications et comptant 100 000 membres dans plus de 27 pays et sur 6 continents, a décidé de boycotter les stations-service de la marque Chevron.
- Aux Pays-Bas, FNV, le syndicat représentant de nombreux membres du personnel de l’Université d’Amsterdam (UvA), a mené une grève historique de quatre jours en décembre 2024 pour demander, entre autres, de couper les liens avec les universités et les entreprises complices d’Israël.
Nous, les syndicats palestiniens soussignés, appelons les travailleur·ses et les syndicats du monde entier à intensifier leur soutien à notre lutte pour mettre fin au génocide et démanteler le régime colonial d’apartheid d’Israël :
- En faisant pression sur les entreprises et les institutions dans lesquelles ils travaillent pour qu’elles cessent toute complicité, notamment en mettant fin aux contrats qui soutiennent directement ou indirectement les crimes atroces et l’occupation illégale d’Israël, et en adoptant des politiques d’achat et d’investissement éthiques qui excluent de traiter avec des entreprises impliquées dans de graves violations des droits humains où que ce soit, y compris en Palestine. Désinvestir de ces entreprises est un devoir éthique et légal.
- En adoptant les mêmes politiques éthiques d’achat et d’investissement qui excluent de traiter avec des entreprises impliquées dans de graves violations des droits humains où que ce soit, y compris en Palestine.
- En perturbant pacifiquement les activités habituelles sur leur lieu de travail, entre autres en :
- Développant plus de campagnes #BlocktheBoat, en arrêtant la #GenocideFleet des navires impliqués dans les transferts illégaux de fournitures militaires, d’énergie ou d’autres articles à double usage vers Israël et en faisant pression sur les entreprises complices.
- Refusant de manipuler des cargaisons militaires, énergétiques et à double usage israéliennes ou à destination d’Israël.
- En rejetant tout accord raciste avec Israël qui facilite la substitution et la poursuite de l’oppression des travailleur·ses palestinien·nes.
- En intensifiant les campagnes économiques, universitaires, culturelles et sportives de BDS.
- En faisant pression sur leurs gouvernements pour qu’ils respectent leurs obligations légales suite aux décisions de la CIJ de 2024, comme l’ont déclaré les expert·es des droits humains de l’ONU, en imposant au minimum « un embargo total sur les armes à Israël, en mettant fin à tous les accords, importations, exportations et transferts d’armes, y compris les articles à double usage qui pourraient être utilisés contre la population palestinienne sous occupation », ainsi qu’en annulant ou en suspendant « les relations économiques, les accords commerciaux et les relations universitaires avec Israël qui pourraient contribuer à sa présence illégale et à son régime d’apartheid dans les territoires palestiniens occupés ».
- En coupant tous les liens avec la Histadrout (principale confédération syndicale de travailleur·ses israélien·nes) et en l’expulsant de tous les forums internationaux.
- En déclarant son syndicat Espace Sans Apartheid pour mettre fin à la complicité des entreprises et des institutions avec le régime d’apartheid israélien et le génocide du peuple palestinien.
- En amplifiant notre journée mondiale d’action le 15 mai, date du 77ème anniversaire de la Nakba. À cette date, nous appelons nos sympathisant·es du monde entier à intensifier la pression en faveur de sanctions immédiates, légales et ciblées à l’encontre d’Israël, y compris un embargo militaire complet.
Signataires :
Union Générale des Travailleur·ses Palestinien·nes (GUPW)
Fédération Générale Palestinienne des Syndicats (PGFTU), Gaza
Fédération Palestinienne des Syndicats de Professeurs et d’Employé·es d’Université (PFUUPE)
Syndicat Palestinien des Travailleur·ses des Postes, des Technologies de l’Information et des Télécommunications
Fédération des Syndicats Indépendants
La Nouvelle Fédération Palestinienne des Syndicats
Association des Ingénieurs – Centre de Jérusalem
Association Médicale – Centre de Jérusalem
Association Dentaire Palestinienne – Centre de Jérusalem
Association du Barreau Palestinien
Syndicat Général des Enseignant·es Palestinien·nes (GUPT)
Association des Ingénieurs Agronomes – Centre de Jérusalem
Syndicat des Vétérinaires – Centre de Jérusalem
Association des Employé·es du Secteur Financier – Palestine
Association des Employé·es des Services de Santé
Syndicat des Travailleur·ses des Jardins d’Enfants et des Écoles Privées
Association des Employé·es de Jawwal
Syndicat des Travailleurs·se des Autorités Locales
Syndicat des Électricien·nes Palestinien·nes Syndicat des Employé·es de la Southern Electricity Company