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09/04/20

Une victoire énorme et opportune du BDS : Microsoft se débarrasse de la société israélienne de technologie AnyVision

Par Michael Arria, 30 mars 2020

Microsoft a annoncé qu’il cédait sa participation dans la société israélienne de reconnaissance visuelle AnyVision. Cette décision fait suite à un audit qui avait été provoqué par une campagne BDS ciblant la société. Les militants affirment que la technologie de reconnaissance visuelle d’AnyVision est utilisée pour espionner les Palestiniens en Cisjordanie.

Après l’investissement de Microsoft dans la société, en juin dernier, NBC News a signalé qu’AnyVision « dirige un projet secret de surveillance militaire » en Palestine. « La reconnaissance visuelle est probablement l’outil le plus performant pour permettre un contrôle complet des espaces publics par un gouvernement, nous devons donc la traiter avec une extrême prudence » a affirmé à l’époque Shankar Narayan, de l’ACLU (Union américaine pour les libertés civiles). Quand la NBC a contacté, pour le reportage, le directeur général d’AnyVision, Eylon Etshtein, celui-ci a nié avoir connaissance de ce projet, il a soutenu que la Cisjordanie n’était pas occupée, et a laissé entendre que le reportage était financé par un groupe de militants palestiniens.

Durant l’été 2019, l’organisation Une Voix juive pour la paix a lancé une campagne demandant à Microsoft de #DropAnyVision. Cette année, elle a fait équipe avec les groupes MPower Change et SumofUs pour organiser une pétition sur ce problème. Pétition qui a finalement obtenu 75 000 signatures et qui a été remise au siège de la société par des militants et des salariés de Microsoft.

En novembre 2019, Microsoft avait engagé l’ancien procureur général des États-Unis, Eric Holder, (et son équipe du cabinet Convington & Burling) pour conduire un audit sur AnyVision afin de déterminer si les pratiques de la société étaient conformes aux principes éthiques de Microsoft. Les conclusions de l’audit montrent que la technologie est bien utilisée aux postes de contrôle aux frontières, mais que la société « n’alimente pas actuellement un programme de surveillance massive en Cisjordanie comme allégué dans les reportages des médias ».

Néanmoins, Microsoft a décidé de se séparer d’AnyVision. « Après mûre réflexion, Microsoft et AnyVision ont convenu qu’il est dans l’intérêt des deux sociétés que Microsoft cède sa participation dans AnyVision » a-t-il indiqué dans un communiqué. « Pour Microsoft, le processus de l’audit a fait ressortir qu’il est difficile d’être un investisseur minoritaire dans une société qui vend une technologie sensible, étant donné que de tels investissements ne tiennent généralement pas compte du niveau de surveillance ou de contrôle que Microsoft exerce sur l’utilisation de sa propre technologie ».

« La décision de Microsoft de se débarrasser d’AnyVision est un coup très dur pour cette société israélienne profondément complice, et un succès pour une campagne BDS impressionnante conduite par Une Voix juive pour la paix », a souligné le co-fondateur de BDS, Omar Barghouti, dans un communiqué. « Les crimes de guerre d’Israël contre les Palestiniens, commis avec la complicité de nombreuses entreprises importantes comme AnyVision, se poursuivent en dépit de la menace du coronavirus, de sorte que notre résistance contre ces crimes et notre obstination en faveur de la liberté, de la justice et de l’égalité ne peuvent que se poursuivre ».

« La décision de Microsoft de tenir compte des appels de la campagne à laisser tomber la société israélienne de surveillance AnyVision est une victoire énorme et opportune pour le BDS », a tweeté le compte rendu officiel du comité national palestinien du BDS (BNC).

« La décision de Microsoft de se débarrasser d’AnyVision est une victoire importante pour celles et ceux qui militent pour la justice dans la technologie et pour la communauté internationale solidaire du peuple palestinien » a déclaré Lau Barrios, dirigeant de la campagne MPower Change. « Cette décision de Microsoft, qui est un leader mondial en technologie, renforce également notre conviction qu’on ne peut pas faire confiance à un gouvernement, à une police et à une armée utilisant une technologie de surveillance comme celle de la reconnaissance visuelle, une technologie de plus en plus utilisée aux États-Unis et dans le monde entier pour contrôler, surveiller, et criminaliser davantage les communautés de Noirs, de basanés, d’immigrants, de Palestiniens et de musulmans ».

Michael Arria est le correspondant de Mondoweiss aux États-Unis.

Traduction : BP pour BDS France

Source : Mondoweiss