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11/12/25

Directives du PACBI concernant les films israéliens complices

Comment évaluer la complicité des productions cinématographiques et télévisuelles israéliennes.

Date d'origine : 17/10/2025
Auteur : Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d'Israël (PACBI)
Source : Site du BNC

En réponse à la demande croissante des professionnel·les du cinéma et des militant·es BDS à travers le monde, la Campagne Palestinienne pour le Boycott Académique et Culturel d’Israël (PACBI) expose ci-dessous comment les directives BDS s’appliquent aux films (et productions télévisuelles) israéliens complices1.

Depuis le début du génocide israélien contre 2,3 millions de Palestinien·nes à Gaza, le PACBI, membre fondateur de la plus grande coalition palestinienne à la tête du mouvement BDS mondial, a reçu de nombreuses demandes concernant les films israéliens. Nous espérons que cet article permettra de répondre à ces questions. Nous encourageons les programmateur·rices, les producteur·rices, les distributeur·rices et toutes les autres personnes concernées à mener des recherches approfondies sur la complicité des films israéliens, à lire cet article et à nous contacter en cas de doute.

Plus de 5 000 professionnel·les du cinéma international, dont des personnalités hollywoodiennes de premier plan, se sont engagé·es à refuser de travailler avec des sociétés et institutions cinématographiques israéliennes complices. Un nombre croissant de festivals et d’instituts cinématographiques internationaux ont approuvé le boycott culturel d’Israël, notamment l’IDFA, le plus grand festival de documentaires au monde, et BlackStar, parfois appelé le « Sundance noir ». Nous apprécions profondément cette solidarité significative ! Le PACBI présente cet article à titre de référence supplémentaire.

  1. Par la suite, le terme « films » désigne les longs métrages, les documentaires, les courts métrages et tous les autres films, ainsi que les productions télévisuelles. Nous utilisons donc simplement le terme « films » pour désigner tous les produits cinématographiques et télévisuels. ↩︎

1. Contexte important (à lire en premier)

La majorité des films israéliens actuels sont financés et produits dans des conditions de complicité indéniable visant à blanchir ou à justifier le régime d’oppression d’Israël à l’encontre du peuple palestinien. Cette complicité inclut l’acceptation de financements assortis de conditions politiques ou provenant d’entités israéliennes profondément complices qui tirent profit de leurs activités dans les colonies illégales ou de l’apartheid. La grande majorité des sociétés de production israéliennes n’ont jamais pris de mesures significatives pour remédier à leur propre culpabilité persistante, même dans le contexte du génocide israélien à Gaza.

Cependant, les deux conditions permettant aux institutions culturelles israéliennes – y compris les sociétés de production cinématographique et télévisuelle, les fondations, les distributeurs et autres – d’être exemptées du boycott sont claires et sont reproduites ci-dessous. Le PACBI défend le droit universel à la liberté d’expression et a ancré ces conditions dans le droit international. Elles s’inspirent en partie de la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud.

Comme le stipulent les directives BDS pour le boycott culturel international d’Israël :

« Pour mettre fin à leur complicité avec le régime d’occupation, de colonialisme de peuplement et d’apartheid israélien et ne plus être soumises au boycott, les institutions culturelles israéliennes doivent remplir deux conditions fondamentales :

a. Reconnaître publiquement les droits inaliénables du peuple palestinien tels qu’ils sont consacrés par le droit international (y compris les trois droits fondamentaux énoncés dans l’appel BDS de 2005) et

b. Mettre fin à toute forme de complicité dans la violation des droits des Palestinien·nes tels que stipulés dans le droit international, y compris les politiques et pratiques discriminatoires ainsi que les divers rôles joués dans la dissimulation ou la justification des violations du droit international et des droits humains des Palestinien·nes par Israël. »

Ces conditions seront mentionnées ci-dessous, veuillez donc les garder à l’esprit.

Quelles que soient les positions personnelles que les cinéastes peuvent exprimer ou développer ultérieurement en faveur des droits des Palestinien·nes, même si ces positions peuvent être bien accueillies, si leurs films ont été réalisés dans des conditions de complicité avec le blanchiment de l’oppression, cela ne peut être inversé. Les films resteront boycottables selon les directives BDS. Les opinions personnelles du cinéaste ne sont, en tout état de cause, pas strictement pertinentes pour la question qui nous occupe. BDS, y compris le PACBI, cible les institutions complices, et non les individus en fonction de leur identité ou de leurs convictions (dans le contexte de la normalisation, cette question peut être plus nuancée).

Le contenu de tout produit culturel, y compris les films, n’est pas strictement pertinent pour déterminer s’il est susceptible d’être boycotté selon les directives BDS (dans le contexte de la normalisation, cette question peut être plus nuancée). Ce facteur doit être pris en compte principalement par les professionnel·les du cinéma. Une fois encore, le PACBI souscrit aux définitions internationalement reconnues de la liberté d’expression. Cela dit, tout film clairement propagandiste provenant d’un État quelconque serait certainement rejeté par les festivals progressistes et autres, ne serait-ce que par bon sens. Le PACBI reconnaît et comprend ces boycotts dictés par le bon sens.

Si certaines sociétés et institutions internationales du cinéma et de la télévision prétendent fonder leurs décisions de programmation uniquement sur le mérite artistique, cela est rarement, voire jamais, le cas dans la réalité. Les conditions de financement et de production éthique d’un produit particulier ne peuvent être ignorées dans une évaluation globale. Lorsque ces conditions peuvent constituer une complicité dans la dissimulation du génocide, de l’apartheid et de l’occupation militaire, l’approche véritablement cohérente sur le plan éthique consiste à insister pour mener des enquêtes factuelles sur cette complicité.


2. Les films israéliens peuvent être boycottés s’ils sont produits par des sociétés de production israéliennes complices

Directives BDS :

« En règle générale, les institutions culturelles israéliennes, sauf preuve du contraire, sont complices du maintien de l’occupation israélienne et du déni des droits fondamentaux des Palestinien·nes, que ce soit par leur silence ou par leur implication effective dans la justification, le blanchiment ou toute autre forme de détournement délibéré de l’attention des violations du droit international et des droits humains commises par Israël. En conséquence, ces institutions, tous leurs produits et toutes les activités qu’elles parrainent ou soutiennent doivent être boycottés par les organisations culturelles et les travailleur·ses culturel·les du monde entier. »

En d’autres termes, les films produits ou coproduits par une société de production israélienne complice sont boycottables selon les directives BDS. Prenons un cas hypothétique : lorsqu’un réalisateur israélien réalise un film par le biais de sa propre société de production ou d’une autre société de production israélienne, et si cette société de production ne remplit pas les deux conditions ci-dessus, ce film est alors complice, car il viole les directives BDS. Il doit être boycotté.


3. Les films israéliens peuvent être boycottés s’ils sont financés par des fonds publics/étatiques soumis à des conditions politiques

Directives BDS :

« Les produits culturels israéliens qui bénéficient d’un financement public dans le cadre des droits individuels des travailleur·ses culturel·les en tant que citoyen·nes contribuables, sans que ceux-ci soient tenus de servir les intérêts politiques et propagandistes de l’État, ne peuvent être boycottés [sur cette seule base]. En revanche, accepter de telles conditions politiques transformerait clairement le produit culturel en une forme de complicité, en contribuant aux efforts d’Israël pour blanchir ou obscurcir sa réalité coloniale et d’apartheid, et le rendrait donc boycottable. »

La Fondation Rabinovich, le plus grand fonds cinématographique d’Israël, a en effet imposé de telles conditions politiques à tous ses financements entre au moins 2017 et 2023. Pour en savoir plus, cliquez ici et ici. Par conséquent, tous les films financés par la Fondation Rabinovich pendant cette période sont boycottables sur cette base, conformément aux directives du PACBI. Un autre fonds, le New Fund for Cinema and Television (NFCT), a également ajouté des conditions politiques à ses financements entre 2022 et 2023 au moins, et tous ses films réalisés pendant cette période sont donc boycottables sur cette base.

Les trois autres principaux fonds publics/étatiques israéliens pour le cinéma sont le Fonds cinématographique israélien, le Fonds cinématographique multiculturel Gesher et la Fondation Makor pour le cinéma et la télévision israéliens. Tous les films réalisés avec le soutien de ces trois fonds publics/étatiques (ainsi que les films financés par Rabinovich ou le NFCT en dehors de la période où des conditions politiques étaient explicitement liées au financement) doivent être évalués au cas par cas, en tenant compte de tous les autres critères énumérés dans cet article.

La Loterie nationale israélienne (Mifal HaPais), entité publique, finance également souvent des films. Cependant, elle n’est pas financée par les impôts et la participation à la loterie est volontaire, contrairement aux impôts. Par conséquent, le PACBI ne peut raisonnablement considérer ses fonds comme un droit des contribuables. Dans cette optique, les films financés par la Loterie nationale israélienne, une entité profondément complice, peuvent être boycottés conformément aux directives BDS.

Il est important de noter ici que les cinéastes israéliens pratiquent systématiquement l’autocensure, omettant toute critique significative du système d’oppression israélien, afin d’avoir accès aux fonds publics/étatiques, que des conditions politiques y soient explicitement liées ou non. Cette autocensure constitue clairement une complicité dans la dissimulation de l’oppression israélienne contre les Palestinien·nes, bien qu’il soit difficile de le prouver dans des cas spécifiques. Le PACBI encourage une enquête approfondie sur tous les aspects de cette complicité.


4. Les films israéliens peuvent être boycottés s’ils sont financés par une entité privée israélienne complice.

Parmi ces entités privées israéliennes complices figurent les chaînes de télévision Hot (Hot Telecommunication Systems Ltd.) et yes. (Bezeq ; anciennement D.B.S. Satellite Services Ltd.). Ces sociétés sont répertoriées dans la base de données des Nations unies des entreprises tirant profit des colonies illégales d’Israël, qui constituent un crime de guerre. Tout film financé, produit ou créé par une telle entité privée israélienne complice et ses filiales, est lui-même complice et doit être boycotté conformément aux directives DS.

Il convient de noter ici que certains films israéliens sont réalisés grâce à un mélange de fonds publics et privés et doivent donc être soigneusement évalués selon tous les critères énoncés dans cet article.


5. Les films commandés par Israël et ses groupes de pression peuvent être boycottés

Le PACBI fait la distinction entre les produits financés et les produits commandés. Les deux points précédents traitaient des projets ayant reçu un financement, par exemple dans le cadre d’un processus de candidature. Ce point concerne les produits commandés.

Les directives BDS stipulent :

« Un PRODUIT culturel est boycottable s’il est commandé par un organisme officiel israélien ou une institution non israélienne qui sert la marque Israël ou des objectifs de propagande similaires… nous considérons que tous les produits culturels non israéliens (par exemple, internationaux, palestiniens) qui sont financés par des organismes officiels israéliens ou des organisations internationales de la « marque Israël » sont commandés et motivés par des raisons politiques, et sont donc soumis au boycott. »

Les films commandés par le régime génocidaire israélien ou par ses groupes de pression sont intrinsèquement motivés par des considérations politiques et doivent donc être boycottés. Cela diffère des films financés ou produits par des entités publiques ou privées, qui sont abordés dans les parties 3 et 4 ci-dessus.

Les films non israéliens financés par Israël ou ses groupes de pression sont également intrinsèquement motivés par des considérations politiques. Nous considérons qu’ils ne diffèrent en rien des produits commandés et qu’ils doivent donc être boycottés. Par « non israéliens », nous n’entendons pas ici les films réalisés par des Palestinien·nes autochtones ayant la citoyenneté israélienne, pour lesquels il existe des directives adaptées au contexte.


6. Les films qui enfreignent les directives anti-normalisation peuvent faire l’objet d’un boycott

Directives BDS :

« Les activités, projets, événements et produits culturels impliquant d’un côté des Palestinien·nes et/ou d’autres Arabes et de l’autre des Israélien·nes (qu’ils soient bilatéraux ou multilatéraux) qui reposent sur le postulat erroné d’une symétrie/parité entre les oppresseurs et les opprimé·es ou qui partent du principe que les colonisateur·rices et les colonisé·es sont également responsables du « conflit » sont des formes de normalisation intellectuellement malhonnêtes et moralement répréhensibles qui doivent être boycottées. »

Cela s’applique à tout film, israélien ou autre (y compris ceux qui comptent des acteurs et des membres d’équipe israélien·nes et palestinien·nes), qui enfreint les directives anti-normalisation du mouvement BDS. Résister à la normalisation est un élément essentiel de la lutte pour la libération de la Palestine dans le contexte plus large de la région arabe. Pour en savoir plus, veuillez consulter les directives anti-normalisation du mouvement BDS expliquées.


7. Les films des cinéastes ou acteur·rices israélien·nes qui acceptent volontiers d’être les ambassadeur·rices culturel·les du régime génocidaire israélien, doivent être boycottés

Quelques cinéastes et acteur·rices israélien·nes, parmi d’autres artistes, ont accepté avec enthousiasme le rôle d’ambassadeur·rices culturel·les d’Israël. Parmi eux, Gal Gadot, qui a organisé des projections, produites par l’armée israélienne, de propagande justifiant le génocide, et Shira Haas, qui a prêté sa voix à la propagande raciste et génocidaire du gouvernement israélien. Par conséquent, comme ces personnalités agissent en tant qu’ambassadeur·rices du génocide et de l’apartheid, plutôt qu’en tant que simples individus, leurs films, israéliens ou autres, sont boycottables selon les critères institutionnels BDS. Le PACBI a des critères très stricts pour déterminer si un individu particulier est effectivement un·e ambassadeur ·rice culturel·le de l’apartheid israélien. Contactez-nous en cas de doute.


8. Les projections internationales de films israéliens peuvent être boycottées si elles sont parrainées par Israël, ses groupes de pression ou des institutions complices

Directives BDS :

« Un ÉVÉNEMENT ou une ACTIVITÉ culturels peuvent être boycottés s’ils sont partiellement ou entièrement parrainés par un organisme officiel israélien ou une institution complice… Un événement ou une activité publiques organisés sous le parrainage/l’égide ou en affiliation avec un organisme officiel israélien ou une institution complice constitue une complicité et mérite donc d’être boycottés. Il en va de même pour le soutien ou le parrainage d’institutions non israéliennes qui servent les objectifs de promotion/propagande d’Israël. »

Si l’ambassade d’Israël, des groupes de pression israéliens ou des institutions israéliennes complices parrainent ou soutiennent d’une autre manière la projection d’un film, cette projection est alors susceptible d’être boycottée, que le film lui-même soit ou non susceptible d’être boycotté selon les directives BDS.


9. Les activités d’une personnalité du cinéma israélien peuvent faire l’objet d’un boycott si la personne en question représente une institution israélienne complice

Le PACBI fait la distinction entre simple affiliation et représentation. Prenons un exemple hypothétique : si le président du Forum des réalisateur·rices de documentaires israéliens, complice, intervient lors d’une table ronde dans le cadre d’un festival international du film, cette table ronde doit être annulée et boycottée si ce n’est pas le cas, car cette personne représente une institution israélienne complice et relève donc des critères institutionnels du mouvement BDS. De même, si le directeur·rice d’une fondation cinématographique publique israélienne représente l’institution lors d’un événement cinématographique international, le PACBI appelle au boycott de cet événement. En revanche, le simple fait d’être affilié à une institution israélienne complice ne constitue pas un motif suffisant pour que le PACBI appelle au boycott d’un événement.


10. Les cinéastes, acteur·rices, équipes de tournage, etc. israélien·nes qui sont raisonnablement soupçonné·es d’avoir commis ou incité à commettre des crimes internationaux doivent faire l’objet d’une enquête et, si cela se justifie, être poursuivi·es par les autorités compétentes

En 2024, le PACBI a publié une prise de position concernant les criminel·les de guerre israélien·nes présumé·es. Celle-ci est pertinente pour déterminer s’il convient de programmer ou de diffuser un film ou un cinéaste israélien. Le PACBI demande que les institutions internationales qui ne font pas preuve de diligence raisonnable à l’égard des criminel·les de guerre israélien·nes présumé·es soient publiquement tenues responsables d’avoir toléré des violations du droit international.

« Compte tenu de la gravité du génocide israléien à Gaza, en particulier, et du soutien quasi unanime dont il bénéficie parmi les Israélien·nes juif·ves, et compte tenu des décennies de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis par Israël à l’encontre des Palestinien·nes autochtones, les universitaires, scientifiques, programmeurs, étudiant·es, artistes, écrivain·es, athlètes israélien·nes, entre autres, qui entrent dans l’une des catégories suivantes doivent faire l’objet d’une enquête et, si cela se justifie, poursuivis par tous les États, dans le cadre de l’obligation légale de ces derniers, entre autres, de prévenir le génocide et de garantir la responsabilité des violations graves du droit international humanitaire :

  1. Toute personne ayant servi depuis le 7 octobre 2023 dans l’armée israélienne (y compris les unités logistiques et de renseignement).
  2. Toute personne raisonnablement soupçonnée d’avoir aidé, assisté ou conspiré à la commission de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité ou de génocide à tout moment, que ce soit pendant son service militaire ou non.
  3. Toute personne raisonnablement soupçonnée d’avoir participé à une incitation publique à commettre des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou un génocide à tout moment, que ce soit pendant son service militaire ou non.

De même, tout Israélien·ne qui réside ou travaille dans une colonie israélienne illégale dans les territoires palestiniens occupés (TPO), y compris Jérusalem-Est, ou dans le plateau du Golan syrien occupé, et tout Israélien·ne ou ressortissant·e étranger·e qui apporte un soutien matériel à une telle colonie, participe sciemment à un crime de guerre et doit donc être tenu pour responsable…

En conséquence, toute entité (publique ou privée) qui entretient des relations avec ces Israélien·nes sans procéder à un examen approprié, significatif et efficace visant à s’assurer que son engagement ne contribue en rien à maintenir, à étendre ou à reconnaître les colonies et la présence illégale continue d’Israël dans les TPO ou d’autres crimes internationaux, doit être tenue publiquement responsable d’avoir toléré et soutenu des violations du droit international (y compris les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et le génocide) et pour ne pas avoir respecté ses propres obligations de ne pas reconnaître ou d’aucune manière contribué à ces violations. »