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19/06/25

La montée dangereuse des logiciels militaires espions de qualité

Une journée d’action mondiale le 21 juin – Global Network Anti-Spyware (GNAS)

Le génocide israélien en cours à Gaza contre 2,3 millions de Palestinien⸱nes, rendu possible par les puissances occidentales menées par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, démontre à quel point les logiciels espions peuvent être dangereux. L’armée israélienne utilise des logiciels espions pour transformer en armes les téléphones portables à Gaza et les transformer en outils de surveillance, associés à la technologie de reconnaissance faciale, à l’intelligence artificielle et à la technologie de reconnaissance vocale afin de générer des cibles pour l’artillerie et l’armée de l’air israéliennes, tuant ainsi des dizaines de milliers de civils palestiniens. Cela prouve que les logiciels espions sont une arme de guerre et qu’ils menacent non seulement les Palestinien⸱nes à Gaza, mais aussi l’humanité tout entière.

En mai dernier, l’ambassadeur par intérim d’Israël en Espagne a utilisé l’accès secret d’Israël aux données de surveillance obtenues par un logiciel espion israélien pour faire chanter le Gouvernement espagnol, exigeant que l’Espagne adopte une position pro-israélienne. « Mon gouvernement n’a pas encore réagi aux révélations sur Pegasus », a déclaré l’ambassadeur.

Les logiciels espions sont une arme utilisée par les régimes autoritaires et autoproclamés « démocratiques » pour faire taire la dissidence et l’opposition, cibler les journalistes et les avocats, et porter atteinte aux droits humains.

Des entreprises israéliennes telles que NSO Group, Candiru, Intellexa, Paragon et d’autres ont créé des logiciels espions de niveau militaire, tels que Pegasus, Predator et Graphite, qui peuvent infiltrer les téléphones, extraire des données privées et même transformer les appareils en outils de surveillance. Ces technologies auraient été testées sur le terrain par les services de renseignement israéliens sur des Palestinien⸱nes avant d’être commercialisées et vendues dans le monde entier.

Des affaires très médiatisées, telles que le piratage des comptes des collaborateu⸱ricers du journaliste saoudien assassiné Jamal Khashoggi, la surveillance des défenseurs des droits des Palestinien⸱nes et le ciblage de journalistes mexicains, révèlent comment ces logiciels espions permettent une répression à grande échelle. Les victimes sont souvent celles qui luttent pour la justice, dénoncent la corruption ou défendent les libertés fondamentales.

Il ne s’agit pas seulement d’un problème technologique, mais aussi d’une question morale et juridique. La vente incontrôlée de logiciels espions permet aux gouvernements de violer la vie privée, de réprimer la liberté d’expression et d’échapper à leurs responsabilités. Nous ne pouvons pas permettre aux entreprises de tirer profit d’outils qui facilitent l’oppression et la répression.

Le Conseil européen a ignoré les recommandations de la commission PEGA (la commission du Parlement européen chargée d’enquêter sur les logiciels espions) visant à contrôler ces derniers. Elles ont été adoptées à une majorité de 30 voix sur 33 membres de la commission, mais la France, l’Allemagne, la Grèce, entre autres États membres de l’UE, ont insisté pour les mettre en suspens afin de pouvoir continuer à surveiller leurs propres citoyens, en violation flagrante des droits constitutionnels.

Après qu’Israël ait utilisé ses logiciels espions contre l’administration américaine, le président Biden a publié des décrets et sanctionné les employé⸱es des entreprises israéliennes de logiciels espions, mais il a laissé des failles juridiques que les entreprises peuvent exploiter, et les États-Unis ont continué à acheter des logiciels espions israéliens, notamment à l’entreprise Cellebrite.

Parallèlement aux horreurs des logiciels espions, quelques signes d’espoir apparaissent :

Le Gouvernement colombien a ouvert une enquête sur l’achat frauduleux de Pegasus par le précédent gouvernement autoritaire.

L’organisation catalane Irídia a porté plainte contre trois dirigeants du groupe NSO pour leur implication dans des activités illégales contre un avocat espagnol dans le cadre de l’affaire Catalan Gate. Une décision d’enquête européenne a été envoyée au Luxembourg en raison de la forte présence de la société israélienne dans ce pays.

Au Ghana, des journalistes et des militant⸱es de la société civile encouragent les citoyen⸱nes à exercer leur droit d’exiger la divulgation des outils de surveillance (principalement des logiciels espions israéliens) utilisés à leur encontre.

Un tribunal américain a jugé le groupe israélien NSO coupable d’espionnage illégal des utilisateur⸱rices de WhatsApp, le condamnant à verser une somme de 612 millions de dollars de dommages et intérêts – malheureusement pas aux utilisateur⸱rices lésé⸱es, mais à Meta.

Il est temps d’agir

Le samedi 21 juin, jour du solstice d’été dans l’hémisphère nord, est le jour le plus long de l’année. Nous avons besoin du soleil pour révéler les sombres secrets que les gouvernements nous cachent. Ce jour-là, le Réseau mondial contre les logiciels espions (GNAS Global Network Anti-Spyware) appelle à une journée mondiale d’action contre les logiciels espions.

  1. Exigez des interdictions : les Gouvernements doivent imposer des interdictions strictes sur la vente et l’utilisation de logiciels espions invasifs.
  2. Responsabilité des entreprises : les entreprises qui développent ces outils doivent être tenues légalement responsables de leur utilisation abusive et faire l’objet d’un désinvestissement à l’échelle mondiale.
  3. Sensibilisation du public : davantage de personnes doivent comprendre comment les logiciels espions menacent la démocratie et les droits humains.
  4. Action collective : les militant⸱es, les journalistes et les citoyen⸱nes doivent faire pression sur les décideurs politiques pour qu’ils interdisent les logiciels espions avant que d’autres vies ne soient ruinées.

Il est temps d’agir. Si nous ne mettons pas fin au commerce des logiciels espions, celui-ci continuera à renforcer le pouvoir des dictateur⸱rices et à mettre en danger ceux qui défendent la justice partout dans le monde, y compris dans les États « démocratiques ». Battons-nous pour un monde où la technologie protège les personnes, au lieu de les persécuter.