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05/07/18

Les Palestiniens demandent instamment aux Iroquois Nationals de se retirer des Championnats de crosse en Israël

  4 juillet 2018 – Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI)

Les Palestiniens demandent à une équipe de crosse de classe mondiale de refuser à Israël l’occasion d’utiliser le sport national des Iroquois pour camoufler son nettoyage  ethnique de plus en plus intense, violent, sur l’ensemble des terres ancestrales palestiniennes.

 

Chers Iroquois Nationals,

Nous vous écrivons depuis la Palestine pour exhorter votre équipe à se retirer des Championnats du monde de crosse 2018 en Israël. Nous savons quel rôle important ce sport joue dans la culture iroquoise, permettez-nous de vous donner les raisons de notre appel.

 En tant que peuples indigènes, nous avons, vous et nous, vu nos terres traditionnelles colonisées, notre peuple nettoyé ethniquement et massacré par des colons qui s’implantaient. Cette année marque les 70 ans de la dépossession des Palestiniens par Israël, une dépossession qui a commencé avec ce que nous appelons la Nakba, ou la catastrophe. Dans les années qui ont entouré l’établissement d’Israël sur notre terre, en 1948, les forces israéliennes pré et post-étatiques ont chassé, de façon préméditée, la majorité de la population indigène de la Palestine et détruit plus de 500 de nos villages et villes.

 Pendant 70 ans, ce régime d’occupation, de colonialisme de peuplement et d’apartheid, a dénié à nos réfugiés, qui constituent environ les deux tiers du peuple palestinien dans le monde, leur droit inhérent, et stipulé par les Nations-Unies, à retourner dans leurs foyers d’origine et leurs terres.

 Les deux sites israéliens qui accueillent les Championnats du monde de crosse se dressent sur les ruines de villages palestiniens nettoyés ethniquement.

 L’Institut Wingate a été construit sur les terres de Khirbat al-Zababida, nettoyé ethniquement de ses habitants palestiniens en 1948 lors d’attaques dont l’objectif était de vider les villages indigènes le long de la côte nord de Tel Aviv. Les ruines du village palestinien Bayyarat Hannun, qui a connu le même sort, se trouvent bel et bien dans l’ombre du stade de Netanya.

 Comme la Confédération iroquoise et les peuples indigènes de l’Ile de la Tortue, nous nous battons quotidiennement pour l’autodétermination et contre une dépossession et une colonisation qui se poursuivent.

 Pendant des décennies, le gouvernement israélien, qui parraine ces Championnats de crosse, a travaillé sans relâche pour étendre ses colonies dans un projet délibéré visant à déposséder les Palestiniens indigènes de nos terres et de nos ressources naturelles. Il utilise systématiquement, et tout à fait délibérément, les évènements sportifs afin de détourner l’attention du monde loin de son oppression bien établie des Palestiniens.

 Comme vous, notre peuple a été divisé géographiquement par des frontières artificielles, et des contrôles coloniaux sur les déplacements, la résidence et la propriété des maisons et des terres. Le mur d’apartheid et les check-points militaires d’Israël, son siège brutal des Palestiniens à Gaza, son déni du droit au retour des réfugiés palestiniens séparent les familles et limitent notre capacité à voyager, vers, depuis, et à l’intérieur de nos terres traditionnelles.

 Comme vous, nous avons vu le colonialisme de peuplement limiter et tenter d’effacer ou de s’approprier nos traditions, notre culture, notre patrimoine et notre identité. Israël a volé de précieux objets des terres palestiniennes occupées et a mené des attaques systématiques contre la culture palestinienne, fermant les cinémas et théâtres palestiniens, lançant des raids sur les évènements culturels palestiniens et les interdisant.

 Israël a également agressé, emprisonné et tué des athlètes palestiniens, et il a bombardé et détruit des stades palestiniens. Plus tôt cette année, le ministre des Sports d’Israël a posté une vidéo le montrant avec des supporters de l’équipe de football du Beitar Jérusalem, connue pour son vil racisme, alors qu’ils incitaient à la violence contre les Palestiniens, chantant « Que votre village soit brûlé » à l’équipe palestinienne adverse.

 Comme vous, nous avons des droits limités pour superviser nos propres lois, règlements et pratiques au sein de nos communautés. Les Palestiniens vivant sous occupation en Cisjordanie et à Gaza sont soumis au régime militaire israélien, pendant que les Palestiniens, à l’intérieur d’Israël, font face à plus de 60 lois racistes qui les discriminent sur une base raciale dans tous les domaines de la vie.

 Comme vous, une police et des forces militaires étrangères envahissent et occupent nos communautés, et nous avons, vous et nous, vu des membres de nos communautés mis en détention, emprisonnés et tués à cause de leur refus de se soumettre aux exigences des politiques et procédures d’un État extérieur. Actuellement, près de 6000 prisonniers politiques palestiniens, dont près de 300 enfants, et dont beaucoup ont été arrêtés dans des raids nocturnes créant l’effroi, sont détenus dans les prisons israéliennes où la torture est endémique.

 Mais notre résistance, comme la vôtre, contre la puissance coloniale pour nos droits ne connaît pas de limites, et elle ne sera pas arrêtée par les tactiques de violence et d’intimidation de nos oppresseurs.

 Les Palestiniens ont longtemps considéré la résistance, au fil des générations, de la population indigène de l’Ile de la Tortue comme une source d’inspiration pour notre lutte, pendant que nous étions solidaires de la vôtre. Qu’il s’agisse de publications de déclarations de solidarité, de contributions financières et de participation à des manifestations, notamment aux confrontations à Oka, Akwesasne et Ganienkeh, et aux luttes indigènes à Wounded Knee, Alcatraz et plus récemment, à Standing Rock, nous sommes restés unis avec vos luttes contre le colonialisme d’État et d’entreprises.

 Dans le cadre de notre lutte constante pour la liberté, la justice et l’égalité, des organisations nationales et locales palestiniennes ont lancé en 2005 un appel aux gens de conscience à travers le monde pour qu’ils s’engagent dans des campagnes de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) afin d’isoler Israël jusqu’à ce qu’il respecte les droits des Palestiniens indigènes. Cet appel a grandi et est devenu le mouvement mondial BDS, conduit par les Palestiniens, et il demande instamment de couper tout lien académique, culturel, sportif, militaire et économique de complicité avec le régime d’oppression d’Israël, comme moyen le plus efficace de solidarité avec le peuple palestinien.

 Nous rappelons le boycott par l’acteur Marlon Brando de l’Oscar de 1973, refusant le prix du meilleur acteur pour protester contre le traitement des peuples indigènes par Hollywood et les confrontations à Wounded Knee de cette même année. Brando a déclaré plus tard qu’il était peut-être « discourtois » de sa part de refuser le prix, mais il savait qu’il y avait un problème plus vaste qui était posé et que les pouvoirs  en place ne changeraient que s’ils y étaient contraints.

 Nous vous demandons de respecter notre piquet de grève non violent en vous retirant des Championnats du monde de crosse 2018, privant ainsi Israël de l’occasion d’utiliser le sport national des Iroquois pour camoufler son nettoyage ethnique de plus intense, violent, des Palestiniens sur l’ensemble de nos terres ancestrales.

 Campagne palestinienne pour le boycott académique et culturel d’Israël (PACBI)

Source:  PACBI
Traduction : JPP pour BDS FRANCE