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03/02/17

Lettre ouverte à Natalie Imbruglia pour qu’elle respecte l’appel au boycott culturel

Australie – Janvier 2017

Des militants appellent Natalie Imbruglia à annuler sa prestation en Israël en réponse à l’appel palestinien au boycott culturel.

Chère Natalie,
Nous vous écrivons pour vous demander de bien vouloir reconsidérer le fait d’aller jouer en Israël, le 1er mars 2017. Nous comprenons qu’il s’agit de votre première venue en Israël et nous voudrions vous informer que jouer là-bas serait en contradiction avec l’appel palestinien aux artistes pour qu’ils respectent le boycott culturel d’Israël jusqu’à ce que celui-ci se conforme au droit international et que les Palestiniens jouissent des droits civils et politiques qui leur sont niés par le gouvernement d’apartheid israélien.
Comme le peuple aborigène en Australie avant 1966, les Palestiniens indigènes qui vivent en Israël sont privés d’une pleine citoyenneté dans cet État. La pleine citoyenneté n’est accordée que sur des bases théocratiques, aux gens qui sont définis comme juifs par l’État.
De plus, les Palestiniens en Israël sont l’objet de plus de 540 lois discriminatoires – un apartheid de fait.
Les Palestiniens dans les territoires occupés de Jérusalem Est, de Cisjordanie et de Gaza dont Israël s’est emparé et qu’il occupe depuis 1967, n’ont le droit de vote à aucune élection israélienne. Ces Palestiniens survivent dans des bantoustans isolés les uns des autres par des murs d’apartheid, des barrières et plus de 500 checkpoints où leurs mouvements sont contrôlés, ce qui les empêche d’aller à l’université ou à l’hôpital, de rendre visite à des amis et à des parents – de nombreuses familles sont séparées depuis des années à cause de ce système d’apartheid. La haute Cour de Justice a bien déclaré illégal le mur de l’apartheid d’Israël en 2004 – un autre élément du droit international qu’il ignore.
Les Palestiniens persécutés par l’occupation militaire souhaitent naturellement vivre librement et jouir de leurs droits sur leur terre ancestrale. Or, les colonies israéliennes illégales s’étendent sans arrêt et empiètent sur les terres palestiniennes, malgré plusieurs résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU.
Tout récemment, le 23  décembre 2016, le Conseil de Sécurité a voté à l’unanimité une nouvelle résolution contre l’expansion des colonies illégales  et a affirmé une fois de plus leur illégalité en droit international ; pourtant Israël refuse de reconnaître ces résolutions. Israël a maintenant déclaré de fait la guerre aux initiateurs de la résolution, dont la Nouvelle Zélande, et a aussi l’intention de retenir ses cotisations à l’ONU. Depuis le vote de cette résolution, Israël a accéléré la démolition de maisons palestiniennes à raison de quatre fois plus que la moyenne hebdomadaire de 2016, faisant des centaines de sans abri.
Environ 800 000 Juifs vivent maintenant illégalement sur des terres palestiniennes, jouissant de tous les droits politiques tandis que les Palestiniens croupissent, brutalisés par l’occupation militaire et privés de droits. Les réfugiés palestiniens chassés par la Nakba de 1948 des zones qu’Israël réclamait, représentent la deuxième plus importante population réfugiée au monde et, répétons-le, en dépit des exigences du droit international, Israël refuse à ces indigènes de retourner dans leurs maisons. Dans de nombreux pays les Palestiniens sont apatrides ; ils vivent dans des camps de réfugiés misérables, depuis des décennies, sans avoir jamais abandonné l’espoir de recouvrer leur droit au retour et qu’ils puissent ainsi retourner dans leurs foyers et leur patrimoine indigène usurpé et colonisé.
La colonisation sioniste de la Palestine suit une trajectoire similaire à celle de la colonisation britannique en Australie où les Australiens indigènes ont été placés de force dans des missions et des réserves qui les ont isolés, massacrés et dépossédés de leur terre et de leur culture, tandis que les Palestiniens sont aussi soumis à une extrême violence et placés de force dans des camps de réfugiés et des bantoustans. Nous voyons bien que vous avez connaissance du résultat final de ces crimes coloniaux génocidaires via votre participation au programme SBS de Premier Contact et que vous sympathisez avec la situation désespérée du peuple aborigène d’Australie consécutif à la colonisation blanche.
Nous vous demandons de prendre aussi en considération la situation de détresse du peuple palestinien et l’importance du soutien à sa lutte de libération et pour la justice. Parce que la communauté politique internationale a refusé d’agir en soutien à leurs droits, les Palestiniens ont appelé en 2005 au boycott culturel et ont demandé aux gens de conscience comme vous-même d’être solidaires de leur mouvement en vous abstenant de jouer en Israël.
En respectant leur appel, vous soutiendrez aussi les femmes de Gaza qui souffrent de cancers du sein, un autre domaine dans lequel vous avez montré de l’empathie. Israël empêche celles qui souffrent de cancers du sein, et d’autres cancers, de recevoir des traitements appropriés, du fait de la punition collective qu’il inflige aux deux millions de civils qu’il a incarcérés dans la plus grande prison au monde – Gaza – depuis 2006.
« Des dizaines de patientes souffrant de cancer du sein dans la bande de Gaza ont lancé un mouvement de protestation contre le refus d’Israël de les laisser traverser vers Israël pour accéder à des traitements médicaux en hôpital en Israël, à Jérusalem Est et en Cisjordanie.  Ces femmes disent que le refus ou le retard de traitement sont une « condamnation à mort préméditée ».
À cause des attaques militaires et de son siège illégal, immoral, qui empêche l’entrée à Gaza de carburant et de pièces, la maladie est chose commune à Gaza étant donné que l’adduction d’eau est contaminée du fait que les centres de traitement des eaux usées dysfonctionnent et que la fourniture d’électricité est réduite actuellement à à peine quatre heures par jour.  Voici le commentaire de l’association des médecins pour les droits humains sur la privation par Israël d’équipement médical :
« Il n’y a pas de seringues, pas de bandages, pas de sondes. Lorsque l’un de nos chirurgiens demande un scalpel spécial ou un bandage durant une opération, on lui dit qu’il n’y en a pas. Lorsque nous formons un médecin et lui apprenons des techniques et des procédures, il n’a rien pour exercer ».
L’ONU a estimé que sans une reconstruction massive, Gaza sera inhabitable en 2020. Dans le cas où vous donneriez votre concert en Israël, sachez que ce crime contre l’humanité est perpétré à quelque km de là où vous serez.
Il est certain qu’Israël va continuer à pratiquer l’injustice contre le peuple palestinien si nous restons silencieux et ne faisons rien. Nous vous implorons de reconnaître que votre représentation en Israël ne peut pas créer de ponts au-dessus de l’apartheid, de l’oppression et de la souffrance, à peine les masquer, de façon qu’Israël continue à prétendre que ses crimes sont « normaux » et blâme les Palestiniens pour leur propre calvaire. Ce n’est vraiment pas le cas, pas plus que le mythe véhiculé par les suprématistes blancs selon lequel les Aborigènes d’Australie sont responsables de leur propre paupérisation.
En réalité, pour Israël tout spectacle non annulé suite à l’appel au boycott est considéré comme une victoire politique sur la lutte des Palestiniens et sur la solidarité internationale avec elle. Se produire à Tel Aviv c’est jouer pour un public ségrégé, sur une terre nettoyée ethniquement. Nous espérons vraiment que vous ne pouvez pas vous imaginer faire cela et que vous rejoindrez Laureen Hill, Cassandra Wilson, Sean O’Connor, Cat Power, Massive Attack et des milliers d’autres artistes qui ont refusé de jouer en Israël – en Irlande plus de 540 artistes se sont engagés pour le boycott de l’État ; comme l’ont fait 1 190 artistes du Royaume Uni et bien d’autres dans le monde.
S’il vous plaît, respectez l’appel palestinien à boycotter Israël – vous pouvez vraiment faire la différence ainsi et aider à  faire pencher la balance morale dans le sens de la justice.
Nous sommes un groupe de plus de 2000 membres de nombreuses nations du monde, qui croient qu’il est essentiel pour les musiciens et autres artistes de tenir compte de l’appel du PACBI et de rejoindre le boycott d’Israël. C’est essentiel pour agir pour la justice pour le peuple palestinien sous occupation et aussi dans les camps de réfugiés et dans la diaspora à travers le monde.
Samah Sabawi, auteure dramatique palestinienne-australienne et conseillère politique de Al Shabaka
Kollaps, orchestre de Melbourne
Candy Royalle, écrivaine, artiste, militante, éducatrice
Amy McQuire, écrivaine indigène
Penelope Swales, musicienne
Sara Dowse, écrivaine
Trish Nacey, Vidéographe et musicien
Walbira Murray, responsable de recherche indigène
Ken Canning, auteur dramatique indigène
Jeff Sparrow, écrivain, éditeur et  Broadcaster
Marcelo Svirsky, écrivain
Source: BDS Movement
Traduction SF pour BDS France