Omar Barghouti, le fondateur du mouvement BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions à l’égard d’Israël), a animé, mercredi 7 décembre, une conférence sur les voies de la solidarité avec la Palestine, à L’ESITH de Casablanca. Entretien.
 Omar  Barghouti est le fondateur du mouvement Boycott, désinvestissement et  sanctions (BDS) basé à Ramallah en Palestine. Photo Yassine TOUMI
 
Omar  Barghouti est le fondateur du mouvement Boycott, désinvestissement et  sanctions (BDS) basé à Ramallah en Palestine. Photo Yassine TOUMI
Vous étiez présent, la semaine dernière, pour une  série de conférences sur les voies de solidarité avec la Palestine. Le  mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) en fait partie.  Quels sont ses objectifs ?
 Aujourd’hui, les sit-in, les marches et les manifestations de solidarité  avec le peuple palestinien ne sont plus suffisantes pour ne pas dire  qu’elles n’ont pas de véritable impact. Le mouvement Boycott,  désinvestissement et sanctions, fondé en 2005, a pour principal objectif  de convaincre les gouvernements de ne pas engager d’accords et de  partenariats avec les entreprises israéliennes et américaines qui ont  contribué à détruire la Palestine. Il y a une entreprise, par exemple  comme Alstom, qui possède le projet du tramway à l’intérieur de la ville  d’Al Qods et qui contribue à sa judaïsation. Nous appelons au boycott  de cette entreprise, entre autres. Le mouvement demande la fin du  colonialisme et de l’apartheid et exige le droit de retour des  Palestiniens qui sont dispersés aux quatre coins du monde.
Vous avez cité une entreprise qui a gagné le marché de la  réalisation du tramway à Casablanca et à Rabat. L’appel au boycott au  Maroc de ce groupe n’est-il pas inutile aujourd’hui, sachant que le  contrat est signé ?
 Le contrat peut être arrêté. Il suffit d’une véritable volonté du  gouvernement marocain. Nous avons d’ailleurs rencontré des députés au  Parlement et la majorité d’entre eux a dit qu’ils étaient prêts à  collaborer avec nous. Il s’agit de prendre une position éthique. C’est  une entreprise qui nuit au Maroc, et plusieurs députés du PJD, le parti  qui vient de remporter les élections, ont partagé cette idée. Ce parti a  promis de faire valider une loi au Parlement qui serait contre l’entrée  des entreprises de la «liste noire» dans les appels à concurrence, notamment pour ce qui est des grands marchés.
« Il y a une semaine à peine, nous avons réussi à convaincre l’Arabie Saoudite de rompre le contrat qu’elle avait avec Alstom ».
Le mouvement BDS a été fondé en 2005. Quels sont les pays où ce groupe de pression a eu le plus d’impact ?
 Au début, nous avons démarré en Occident, avant de nous orienter vers  les pays arabes. C’était important, car on savait que c’est dans ce coin  du monde qu’Israël possède le plus d’alliés. Ce n’est que tout  récemment que nous nous sommes intéressés au monde oriental et aux pays  arabes. Il y a une semaine à peine, nous avons réussi à convaincre  l’Arabie Saoudite de rompre le contrat qu’elle avait avec l’entreprise  chargée de réaliser les travaux de la liaison ferroviaire aux lieux  saints. C’était un marché de 10 milliards de dollars, et il a été  annulé. Cette entreprise a perdu ce marché à cause de son projet à Al  Qods. En Afrique subsaharienne, à Khartoum plus précisément, le  gouvernement a entrepris des sanctions contre les entreprises françaises  qui sont des alliées d’Israël.
Vous dites que le boycott n’est pas seulement politique mais  également académique. Quelles sont les actions que vous avez entrepris  dans ce sens ? 
 Effectivement, le boycott ne doit pas être uniquement politique et  économique, mais également académique et artistique. Je donne ici un  exemple des partenariats avec les universités israéliennes. L’Académie  de Johannesburg, en Afrique du Sud, allait entreprendre une sorte de  jumelage avec l’Université de Bengourion ; grâce à BDS, ils ont  abandonné cette idée. Ils ont été convaincus qu’il fallait absolument  les boycotter.
Le parti de la justice et du développement a promis de faire valider une loi au Parlement qui serait contre l’entrée des entreprises de la «liste noire dans les appels à concurrence».
Le boycott artistique doit être selon vous également  appliqué. Faisiez-vous partie des personnes qui ont demandé à Hindi  Zahra de ne pas chanter à Tel Aviv, novembre dernier ?
 Oui, les membres de BDS faisaient partie des personnes qui lui ont  adressé une lettre ouverte pour lui demander de ne pas animer ce concert  à Tel Aviv. Nous lui avons expliqué pourquoi, à travers un argumentaire  bien ficelé. Nous lui avons dit qu’au nom de l’humanité, elle ne devait  pas aller à Tel Aviv ; car divertir les Israéliens, c’est comme danser  sur nos tombes ; et qu’avec son comportement, elle participait au crime  des Israéliens.
 Nous avons été déçus par son comportement : dans sa réponse, il y avait  beaucoup de haine. Une artiste amazighe a aussi tenté de la convaincre,  mais elle a très mal réagi. Elle lui aurait très mal répondu. ◆
D’autres info sur BDS Maroc ici
source: Le soir écho
 
  
			 
			 
			 
			 
			 
   
   
  