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31/10/16

Boycotter « l’occupation » ne suffit pas

Par Ali Abunimah

21.10.2016 – Plus tôt ce mois-ci, The New York Review of Books a publié un appel pour « un boycott ciblé de tous les biens et services en provenance de toutes les colonies israéliennes dans les territoires occupés, ainsi que tous les investissements qui font la promotion de l’occupation, jusqu’à ce qu’un accord de paix soit négocié entre le gouvernement israélien et l’Autorité palestinienne. »

Cet appel, signé par Peter Beinart, Todd Gitlin, Michael Walzer et plus de 70 autres écrivains et sommités sionistes libéraux, déclare que ce qu’on nomme la Ligne verte – la ligne d’armistice de 1949 qui sépare la Cisjordanie occupée de l’Israël actuel – « doit être le point de départ des négociations entre les parties israélienne et palestinienne sur les futures frontières entre deux Etats. »


Coopter BDS

C’est précisément contre ce genre de tentative de cooptation du succès du mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) que le professeur de l’université de Colombia Joseph Massad met en garde dans son article de 2014 pour The Electronic Intifada : les sionistes libéraux visent à redéfinir et à réorienter la force et les initiatives du mouvement pour préserver, au lieu de contrer, Israël en tant qu’Etat raciste, d’apartheid et colonial.

Massad avertit que le BDS pourrait se transformer en quelque chose d’ « intouchable par les responsables européens et américains et les universitaires et militants libéraux – qui ont compris que son but ultime est non seulement de refuser de garantir la survie d’Israël en tant qu’Etat raciste, mais qui vise aussi spécifiquement à démanteler toutes ses structures racistes – en quelque chose de plus en plus sûr à adopter par la plupart d’entre eux, car il peut maintenant être utilisé pour assurer la survie d’Israël. »

Les Palestiniens doivent insister, écrit Massad, auprès de leurs soutiens pour qu’ils adoptent le BDS avec un engagement explicite à ses objectifs « pour mettre un terme au racisme d’Israël et au colonialisme sous toutes ses formes à l’intérieur et à l’extérieur des frontières de 1948 » – l’ensemble de l’Israël actuel, la Cisjordanie occupée et la Bande de Gaza.

Ouverture

Dans le numéro en cours de The New York Review of Books, plus de 100 militants , universitaires et artistes de Palestine et du monde entier – dont Omar Barghouti, co-fondateur du mouvement BDS, la militante et universitaire Angela Davis, l’historien Joan Scott, Roger Waters de Pink Floyd, l’écrivain Alice Walker et le combattant sud-africain pour la liberté Ronnie Kasrils – ont répondu.

La nouvelle lettre, dont je suis l’un des signataires, dit qu’appeler seulement « au boycott des colonies tout en laissant Israël, l’Etat qui les construit illégalement et les entretient depuis des décennies en tout impunité » défie « le bon sens ».

« En passant sous silence d’autres violations graves du droit international par Israël, la déclaration échoue au test de cohérence morale, » ajoute la lettre. « Les réfugiés palestiniens, qui constituent la majorité des Palestiniens, n’ont-ils pas droit à leurs droits prévus par l’ONU ? Les citoyens palestiniens d’Israël ne doivent-ils pas jouir de droits égaux en abrogeant les dizaines de lois israéliennes qui pratiquent la discrimination raciale contre eux ? »

Elle souligne que l’appel palestinien pour le BDS vise « toutes les entités, israéliennes et internationales, qui sont complices du déni des droits des Palestiniens où qu’ils se trouvent. »

Comme The Nation et The London Review of Books, The New York Review of Books a rarement ouvert ses pages aux écrivains palestiniens, et est un bastion de l’orthodoxie sioniste libérale.

Donc, dans ce sens, sa publication de la lettre représente une petite ouverture dans le mur de l’exclusion.

Source : The Electronic Intifada

Traduction : MR pour ISM : http://www.ism-france.org/analyses/Boycotter-l-occupation-ne-suffit-pas-article-20118