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16/10/17

Lettre de BDS France à Lisa Simone: Annulez votre concert à Tel Aviv!

Paris, le 1er octobre 2017

 

Chère Lisa Simone,

Tout au long de votre discographie vous évoquez avec beaucoup de tendresse le souvenir de feue Nina Simone, votre maman. Le documentaire What happened, miss Simone ? nous a rappelé quel a été son engagement au côté des Black Panthers, face à la ségrégation des citoyens noirs dans la société américaine et pour les indépendances en Afrique.

C’est au nom de cette mémoire et de cet héritage culturel, politique et historique, que la campagne BDS France veut vous interpeller sur votre intention de vous produire en Israël, les 9 et 11 novembre prochains.

Certes, Nina Simone s’est produite à plusieurs reprises en Israël dans les années 1970, mais depuis cette époque, les temps ont changé. Le processus de paix déclenché avec les accords d’Oslo en 1993 est dans une impasse, entretenue par les gouvernements israéliens successifs. Les Palestiniens vivent une situation de ségrégation, avec de grandes difficultés de circulation au sein des territoires occupés par les colons, et une impossibilité de se rendre ou de sortir de Gaza.

Ce sont maintenant 750.000 de colons qui, avec l’aide de l’Etat israélien, occupent la Cisjordanie, tandis que plus de 140.000 Palestiniens ont été bannis de Jérusalem Est occupée, bien que nés dans cette ville. Rien qu’en 2016, Israël a démoli ou confisqué 1093 bâtiments appartenant à des Palestiniens, laissant encore plusieurs milliers de Palestiniens sans domicile, près de la moitié d’entre eux étant des enfants.

Comme vous le savez, depuis 10 ans, Gaza est soumise à un blocus illégal israélien, où deux millions de Palestiniens vivent dans des conditions effroyables. Un rapport des Nations Unies a déclaré le 16 mars dernier que “ le poids des preuves confirme, au-delà de tout doute raisonnable, qu’Israël est coupable d’imposer un régime d’apartheid au peuple palestinien, ce qui correspond à la commission de crime contre l’humanité”.

Nina Simone, encore elle, reconnaissait l’importance du boycott, et le respectait comme outil de pression militant utile et légitime, comme en témoigne cet extrait de la chanson Mississippi Goddam :

  • Picket lines, School boycotts,

They say it’s a communist plot. All I want is equality

For my sister, my brother, my people and me »

Everybody knows about Israël Goddam…

S’inspirant de la lutte anti-apartheid d’Afrique du Sud dans les années 1980, les Palestiniens ont lancé en 2005 un appel international à la solidarité, par le boycott d’Israël, jusqu’à ce qu’il mette fin à ses injustices et respecte le droit international et les droits humains. Cet appel a été entendu par des milliers de personnalités et de simples individus dans le monde entier, y compris en Israël. Ne pensez-vous pas que Nina Simone aurait désormais respecté un tel appel ? Le respecterez-vous ?

Il y a un an, le mouvement Black Lives Matter a adopté les revendications de la campagne internationale de boycott d’Israël dans sa plateforme. On peut également citer Cassandra Wilson, Annie Lennox, Lauryn Hill, Natacha Atlas, Aziza Brahim, Cat Power, Vanessa Paradis, Sinéad O’Connor, Roger Waters, Elvis Costello, Brian Eno, Jason Moran, Richard Bona, Eddie Palmieri, Salif Keita, Jello Biafra, Massive Attack, U2, les regrettés Gil Scott-Heron et John Berger, mais aussi Alice Walker, Gillian Slovo, Naomi Klein, Susan Sarandon, Emma Thompson, Danny Glover, Peter Brook, Jean Luc Godard, Mira Nair, Ken Loach, Mike Leigh, et plus de 1200 personnalités culturelles au Royaume Uni qui ont renoncé à se rendre en Israël, sensibles au désarroi du peuple palestinien.

Aujourd’hui, se produire en Israël c’est mépriser l’appel de la société civile palestinienne et cautionner l’apartheid israélien. Au nom de la solidarité, de la justice et de l’égalité, et au nom du peuple palestinien, nous vous demandons d’annuler vos concerts.

Dans l’attente d’une réponse de votre part, nous nous tenons à votre disposition pour tout renseignement supplémentaire quant à notre campagne.

Sincèrement,

Isis et Dror, pour la Campagne BDS France

 

Paris, October 1st, 2017

 

Dear Lisa Simone

Throughout your discography you have invoked, with much fondness, the memory of the late Nina Simone, your mother. The documentary What happened, Miss Simone? reminded us of how strong her commitment was to the Black Panthers, in the face of black segregation in American society, and independence movements in Africa. In the name of this memory and this cultural, political and historical heritage, the BDS France campaign wishes to appeal to you as to your intention to perform in Israel on November 9th and 11th.

Indeed, Nina Simone has appeared several times in Israel in the 1970s, but times have changed since then. The peace process triggered by the Oslo accords in 1993 is at an impasse, maintained by successive Israeli governments. The Palestinians live in a situation of segregation, with great difficulties of movement within the territories occupied by the Israeli settlers, and a near impossibility of going in or out of Gaza.

By now, around 750,000 settlers, with the help of the Israeli state, occupy the West Bank, while more than 140,000 Palestinians have lost their residency rights in occupied East Jerusalem, although they had been born in that city. In 2016 alone, Israel demolished or confiscated 1093 Palestinian-owned buildings, leaving several thousand Palestinians homeless, nearly half of them children.

As you know, for 10 years Gaza has been under an illegal Israeli blockade, with two million Palestinians living in appalling conditions. A UN report from March 2017 states that « The weight of the evidence supports beyond a reasonable doubt the proposition that Israel is guilty of imposing an apartheid regime on the Palestinian people, which amounts to the commission of a crime against humanity. »

Nina Simone herself acknowledged the importance of the boycott, and respected it as a tool of useful and legitimate pressure, as evidenced by this extract from the song Mississippi Goddam:

 

  • Picket lines, School boycotts,

They say it’s a communist plot. All I want is equality

For my sister, my brother, my people and me »

Everybody knows about Israel Goddam…

Inspired by the struggle to end South Africa’s apartheid in the 1980s, in 2005, Palestinians launched an international appeal for solidarity through the boycott of Israel until it ends its injustice and respects international law and human rights. This call has been heard by thousands of public figures and individuals around the world, including Israel. Don’t you think that Nina Simone would have respected such a call? Will you respect it?

A year ago, the Black Lives Matter movement adopted the demands of the International Boycott Israel campaign in its platform. We can also cite the names of Cassandra Wilson, Annie Lennox, Lauryn Hill, Natacha Atlas, Aziza Brahim, Cat Power, Vanessa Paradis, Sinéad O’Connor, Roger Waters, Elvis Costello, Brian Eno, Jason Moran, Richard Bona, Eddie Palmieri, Salif Keita, Jello Biafra, Massive Attack, U2, les regrettés Gil Scott-Heron et John Berger, mais aussi Alice Walker, Gillian Slovo, Naomi Klein, Susan Sarandon, Emma Thompson, Danny Glover, Peter Brook, Jean Luc Godard, Mira Nair, Ken Loach, Mike Leigh and more than 1,200 cultural and artistic figures in the UK, who have refused to perform in Israel, out of their sensitivity to the plight of the Palestinian people.

Performing in Israel today means scorning Palestinian civil society’s call and condoning Israeli apartheid. In the name of solidarity, justice and equality, and on behalf of the Palestinian people, we ask you to cancel your concerts.

We look forward to hearing from you, and we are at your service if you have any further questions about our campaign.

Sincerely,

Isis and Dror, for the BDS France Campaign