Carrefour doit cesser son soutien au régime israélien d’apartheid et au génocide.
Le contrat de franchise que Carrefour a signé avec la société israélienne de grande distribution Yenot Bitan date de 2022, avant le début du génocide à Gaza, dans un contexte où Israël construisait à grands pas son système d’apartheid contre le peuple palestinien dans une indifférence quasi générale. À cette date Carrefour avait-il seulement entendu parler de la colonisation et du mouvement BDS pour se lancer dans une telle aventure ?
Dès que ces contrats sont connus, plusieurs associations et syndicats dont l’Association France Palestine Solidarité (AFPS) publient un rapport dénonçant ces contrats. La campagne est lancée, BDS France et d’autres organisation leur emboîtent le pas. Carrefour n’imagine toujours pas ce qui va lui arriver et noue de nouveaux partenariats avec plusieurs banques israéliennes connues pour financer la colonisation, et soutient plusieurs startups dont l’entreprise Juganu qui opère dans les colonies.
Dès octobre 2023, le génocide à Gaza entraîne un renforcement massif des campagnes de boycott lorsque Carrefour-Israël offre des colis alimentaires à des soldats israéliens. La direction de Carrefour réalise l’énormité de l’évènement et tente d’en rejeter l’initiative sur des personnes pour se dédouaner de ce scandale.
Dès lors Carrefour tente maladroitement de calmer la campagne. Il négocie avec son franchisé pour que les 9 magasins dans les 9 colonies ne soient pas transformés en magasin Carrefour et ne vendent pas les produits de la marque Carrefour. Il n’engage pas de nouvelle relation avec Israël mais, croyant s’être tiré d’affaire, il ne parle pas de dénoncer les contrats. Depuis fin 2023, la situation de Carrefour ne fait qu’empirer, en terme d’image et en terme économique.
En Israël, la reconversion des magasins Carrefour coûte cher. Et ne rapporte rien puisque la consommation des Israélien·nes baisse avec la crise économique due au coût exorbitant de « l’effort de guerre ».
Au 31 décembre 2023, Al-Ameed, la marque de café la plus populaire en Jordanie, ferme ses 13 filiales situées dans les magasins Carrefour ; en 2024 Majid Al Futtaim, détenteur exclusif de la marque Carrefour pour le Moyen Orient, ferme ses magasins à Oman, au Koweït, à Bareïn et en Jordanie, et remplace partout l’enseigne Carrefour par une nouvelle enseigne « Hypermax ».
En Tunisie et au Maroc la campagne se développe et des manifestations ont lieu devant les magasins. En Amérique Latine et notamment au Vénézuela, en Colombie, en Bolivie et au Chili où la cause palestinienne est très populaire le développement de Carrefour semble impossible. Et enfin en Europe, Carrefour fait face à des difficultés en Italie et en Belgique où la campagne de boycott est vigoureuse.
Perte d’image, complication des relations avec ses franchisés, pertes financières : pourquoi Carrefour ne renonce-t-il pas au petit marché israélien pour faire cesser la campagne, redorer son image et gagner des marchés ? Parce que Carrefour aurait signé pour 20 ans avec Yenot Bitan, qui verrait, tout comme l’opinion publique et le gouvernement israélien, le départ de Carrefour comme une trahison et lui ferait payer très cher.
Le droit international a beaucoup changé en 2024, obligera-t-il Carrefour à quitter Israël ?
Plusieurs décisions de la Cour Internationale de Justice (CIJ) ouvrent clairement la voie à une possible dénonciation du contrat de franchise de Carrefour. En 2024, tant la CIJ (19 juillet 2024) que l’ l’Assemblée Générale des Nations Unies (18 septembre 2024) demandent aux États de prendre des mesures pour que leurs nationaux et les sociétés s’abstiennent de tout acte qui impliquerait la reconnaissance de la situation créée par la présence illicite d’Israël dans le Territoire palestinien occupé.
Ces nouveaux éléments donnent à l’État les moyens d’agir contre de nombreuses entreprises et en particulier contre Carrefour, et constitue pour Carrefour une façon de rompre toute relation commerciale avec des entreprises israéliennes.
Carrefour est dans une impasse mais des portes de sortie lui sont offertes. La campagne a fait reculer Carrefour dans les colonies mais Carrefour apporte toujours un soutien commercial et symbolique vital au régime israélien d’apartheid et au génocide en cours.
La campagne continue.
#BoycottCarrefour